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11 février 2012

Téhéran (Tehroun) de Nader T. Homayoun - 2009

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Très bonne surprise que ce petit film tourné quasi-clandestinement dans les petites rues de Téhéran, qui a d'abord tout du documentaire social puis vire doucement au pur film noir. Le scénario est franchement un modèle d'équilibre : Homayoun parvient à nous captiver tout en nous orientant systématiquement vers de fausses pistes ; son film est du coup inattendu, très surprenant. Et comme en plus il est plutôt très réussi techniquement (malgré l'évidente faiblesse de moyens), on ressort de là tout content.

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Ibrahim est un gars qui tente de s'en sortir dans cette chienne de vie, petit personnage dardennien qu'on ne cesse de découvrir tout au long du film. On le cueille à la première image un bébé dans les bras, en train de mendier de voiture en voiture : on apprend qu'il est veuf, qu'il rame, qu'il vit avec deux potes... à moins qu'il soit marié, sans enfant... à moins qu'il soit un brillant escroc... à moins qu'il soit encore autre chose... Le film démonte une à une toutes les certitudes qu'on avait acquises lors des premières scènes se dévoilant subtilement en parallèle avec la découverte de la ville. Celle-ci, filmée entre Nouvelle Vague française et docu américain, est magnifiquement rendue dans son visage ordinaire, celui des petites rues sans grandeur, des halls de gare, des banlieues grises, voire des beaux quartiers remplis de villas enfermées derrière de hauts portails. Homayoun est loin des cartes postales, tentant de rendre justice à la vérité de la ville. Il y parvient avec beaucoup de subtilité, réalisant une sorte de road-movie intime (presque à la Rohmer) à travers les quartiers populaires de Téhéran, sans jamais lâcher sa trame.

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Peu à peu, on tombe dans une glauque histoire de prostitution, de vol de bébés, de mafia, de règlements de compte, le film mettant son point d'honneur à nous plonger dans le drame avec finesse et subtilité. Ce qui avait commencé comme du Rossellini se poursuit en film de mafia, et on suit bouche bée la descente en enfer de notre bon gusse qui a eu le tort de pousser le bouchon un peu loin. Les personnages ne sont jamais ce qu'ils sont en surface, le scénario les aborde dans tous leurs mystères, et les scènes qu'on croit les plus évidentes cachent en fait de nombreux tiroirs qu'on découvre avec beaucoup de plaisir. La dernière scène est franchement à la hauteur d'un James Gray dans son mélange de distance (plan lointain en plongée sur une gare) et de proximité (son net), le drame se nouant de façon très simple et très crue. Comme en plus, la chose n'est pas dénuée d'humour (le très joli second rôle du copain à lunettes, mélange d'une grande douceur et d'une virilité surjouée), comme la musique (pour le coup très occidentale) est bien sentie, comme les acteurs sont irréprochables, on en redemande franchement. Comme quoi on peut faire des films en Iran sans s'appeler Kiarostami ou Farhadi et sans tomber dans le cliché du cinéma mondialisé. Nader, salam aleikoum.

Commentaires
T
Aux plus récents des films étiquetés "noir" que j'ai vu, j'ai trouvé un fâcheux goût de réchauffé... votre critique me donne beaucoup d'espoir pour ce film-là, il faut que je le voie!
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