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Shangols
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10 février 2012

LIVRE : Province Terminale de Damien Malige - 2012

province_terminaleVoilà un premier roman qui devrait éveiller quelques souvenirs dans la tête de Shang, dont l'adolescence à Moulins a dû ressembler quelque peu à celle du jeune héros, vague ado déprimé, déprimant, nihiliste, destructeur et attachant du bazar. Comme Shang, le narrateur raconte ses virées dans des soirées louches, ses accointances avec les fachos d'opérette du coin, ses glandouilles la tête remplie de produits illicites, ses plans foireux avec les filles, et surtout les nuits infernales passées à assister à des viols collectifs, outrages à vieilles personnes, destructions de mobilier parental et autres excès influencés par la bibine... Un portrait d'adolescence assez terrassant, au final, qui flirte avec une inspiration à la Bret Easton Ellis des premiers temps, dans cette façon de noircir à outrance l'atmosphère quand il s'agit de décrite l'ennui mortel qu'il y a à avoir 17 ans dans une petite ville et à se faire chier sa race. Le portrait sonne juste, on sent le vécu (et un vécu mal digéré), et ça change pas mal des angélismes divers associé à cette période de la vie : quitter le monde de l'enfance pour entrer dans le monde adulte, c'est dur, voire insupportable, et le narrateur apporte à cette douleur une solution radicale et qui fait peur : la jeunesse y apparaît comme une période insupportable, où les énergies se déchaînent dans la violence pure, où les sentiments se perdent dans l'hébétude des drogues et où la sexualité en passe forcément par les modèles des films de cul. Pourtant, Malige évite toujours le moralisme : il est, quoi qu'il arrive, du côté de son personnage, aussi terrorisant soit-il. Il le charge d'un monde intérieur très vrai, entre clowns meurtriers (...) et repères familiaux friables, ce qui le rend très humain malgré son comportement de surface.

Il manque à Malige une réelle écriture, certes, notamment dans les dialogues qui sont vraiment plats et pour le coup un peu anachroniques. Un sens de l'ellipse aussi, le livre étant assez mal balancé dans son plan "d'ensemble" (bien envoyé dans un premier temps, s'allanguissant dans un deuxième) ; il lui manque aussi de savoir être plus concis au niveau de ses trames, son roman se perd dans une sorte de suspense inutile (qui est le père ? pourquoi des flics sont venus lui rendre visite ?). Mais à part ces défauts (qui font perdre quand même pas mal d'intérêt au livre), Province Terminale est un portrait sans concession de la jeunesse, loin des sentiers battus, trash et intéressant.

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