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1 février 2012

Le Destin de Madame Yuki (Yuki fujin ezu) (1950) de Kenji Mizoguchi

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Les femmes mizoguchiennes (tiens, c'est pas très flatteur comme adjectif) trouvent souvent la volonté et le courage de se battre face aux hommes. Madame Yuki est, elle, un peu trop "tendre" pour parvenir à s'émanciper complètement de son mari... Celui-ci a une amante (ultra vulgaire, la preuve, elle passe son temps à mâcher un chewing-gum), est incapable de gérer une affaire et quand le père de Madame Yuki meurt, cette dernière, conseillée par son "confident" (Ken Uehara ), fait apparemment le bon choix : elle transforme une des dernières demeures familiales qui reste en auberge et la gère avec son ami. On pense qu'elle parviendra à couper définitivement les ponts avec son mari et finira par se remarier avec Ken... Mais la relation avec son mari est plus complexe qu'il n'y paraît.

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Madame Yuki a des serviteurs qui lui sont dévoués, un confident qui fait tout pour son bien, ce qui devrait la mettre on ne peut plus en confiance ; mais à chaque fois qu'il lui faudrait envoyer paître définitivement son mari pour suivre sa propre voie, elle a du mal. Celui-ci est pourtant loin de la respecter - dès qu'il est saoul, il la force à s'unir à elle ; il amène dans l'auberge sa maîtresse ce qui donne lieu à une scènes des plus olé olé (celle-ci, complètement ivre, elle-même accompagnée d'un type louche et opportuniste, propose une petite partouze : cela sonne aussi bizarre que dans un bouquin de Modiano (Et pourtant, oui, les fans le savent...)). Qu'est-ce qui la retient à cet homme ? Un soir, elle finit par avouer, que son corps est comme habité par le démon quand elle est avec lui... Comme si tout son cœur était dévoué à Ken (artiste peut-être un peu "empoté", c'est une impression...) mais son corps attaché à cet homme brutal... Sa raison peine à faire pencher la balance... Ça sent le drame, oui...

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On suit une partie de l'histoire par le truchement de sa jeune et innocente servante qui ne comprend forcément guère ce qui se joue vraiment dans l'esprit de cette honorable Madame Yuki. Un autre très jeune serviteur lui est également très attaché et ira jusqu'à tenter de tuer son mari. Mais c'est bien à elle et elle seule de prendre la bonne décision (divorcer et aller de l'avant avec ses "fidèles") avant que son mari ne se fasse complètement roulé dans la farine par sa maîtresse purement vénale. On sent qu'elle est au bord du désespoir : elle parvient à décevoir le Ken à force d'incertitude et, cerise sur le gâteau, elle apprend qu'elle est enceinte - de son mari, ne l'ayant jamais trompé. Après une nuit des plus agitées (une confrontation un peu pathétique entre son ami (bleu) et son mari, la tentative d'assassinat, l'amante qui presse pour prendre la direction de l'auberge...) elle erre au petit matin dans les brumes du lac voisin : c'est ultra poétique et romantique donc, oui (citons au passage ce magnifiquement plan à la grue lorsque Madame Yuki finit son errance à la table d'un restaurant en terrasse : au retour du serveur, elle a disparu), bientôt tragique...

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Sa servante lui reprochera son manque de courage mais on ne peut qu'être touché par le destin de cette femme, incapable de trancher en temps voulu... Ne voulant sacrifier ni son ami, ni son mari, elle va forcément porter le poids jusqu'au bout de ses "faiblesses". Cette auberge est située dans un lieu paradisiaque et on apprécie l'atmosphère calme et sereine de l'endroit - Ken Uehara s’entraînant sur son instrument tel un maître zen ; seulement ce qui se joue dans l'esprit de cette héroïne est autrement plus complexe. Une indécision qu'elle paiera le prix fort...Encore un portrait féminin des plus touchants et une bien belle pierre dans l'édifice cinématographique mizoguchien, indéniablement.   

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mise sur Mizo : clique

Commentaires
M
Je l'ai découvert aujourd'hui. Un peu plus qu'une "belle pierre" à mon avis. Ou alors une pierre chaude, très très chaude. C'est gonflé pour l'époque, non ?<br /> <br /> J'ai l'oeil qui louche, ou bien cette grosse bagnole du mari qui passe et repasse et repasse sous le porche au bout de cette rampe, c'est pas du symbole ultra chaud...? Le gamin qui a des sueurs et des tremblements à regarder ses maîtres au lit, et Madame que le démon possède... Fffiuu.<br /> <br /> Quelle intelligence, quelle force d'avoir placé ce regard humble et innocent de servante (nue dans son jacuzzi, vi, quand même) sur les maîtres... <br /> <br /> Vous dites, là-haut que, m'ame Yuki, elle est enceinte de son mari (puisqu'elle le dit, et qu'elle ne ment jamais, non non)... et pourtant, quid de cette scène que la servante observe (observe !) , en un de ces sublimes travellings du maestro où le spectateur vient de laisser, allongés par terre, Mme Yuki et son professeur... Il me semble que... Mais non, si les Gols et la dame disent qu'elle a pas couché...<br /> <br /> Mais bon... <br /> <br /> Bref, couché ou pas avec l'autre, cette Dame Yuki est renversante, du chef d'oeuvre total, absolu de chez Absolu. <br /> <br /> On pense à Rossellini. <br /> <br /> Rien à voir... mais en sortant du film, va-z-y que je te croise le Souchon sur le Boul'Mich. Paris au mois d'août est une rumba. <br /> <br /> Mais si.
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M
Very nice site. Lovely screen captures.
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