LIVRE : Une Année studieuse d'Anne Wiazemsky - 2012

Certains enveloppent leur magazine de fesses dans un Télé 7 Jours pour passer inaperçu ; Wiazemsky fait encore plus fort : Une Année studieuse est l'occasion de planquer un Closer sous la couverture blanche de Galllimard. La classe. Il faut dire que la dame n'écrit pas mieux que les auteurs des feuilles à scandales et qu'elle n'a pas grand-chose d'autre à raconter. Si donc vous avez envie de savoir comment Godard baise, ce qu'il a mangé le 7 août 1967, ou si ses yeux sont beaux derrière ses lunettes ; si vous avez envie de lire des anecdotes primordiales, genre : "Juliet Berto me fit une grimace, nous rîmes comme des folles sous le regard sévère de Jean-Luc" ; si vous aimez les phrases avec sujet-verbe-complément dans l'ordre grammatical correct ; si vous hésitez à acheter une biographie de Michel Leeb, pas assez intello ; si vos interrogations sur ce que c'était qu'être une jeune fille dans les années 67 à Paris s'arrêtent à la couleur de la jupe d'Anne Wiazemsky ; alors lisez ce livre de plage pour jeunes provinciales rêveuses. Dans tous les autres cas, fuyez dans l'autre sens sans vous fier aux nombreuses louanges qu'on voit ici et là dans la presse concernant ce livre : c'est nul, tout simplement, ça ne dit rien ni de l'époque, ni de Godard, ni de Mauriac (le grand-père de la dame), ni du cinéma de ce temps, c'est écrit dans un style télégraphique absolument infâmle et c'est agaçant d'inutilité. On attendait pourtant avec impatience le témoignage de cette actrice godardienne qui traversa les années mal connues du cinéma politique de Godard ; on aurait aimé lire, vue depuis l'extérieur, la métamorphose du maître, qui le brouilla avec tous ses amis et le fit plonger dans un style abstrait, abscons, difficile ; on aurait aimé saisir l'ambiance de ces avant-premières improbables de La Chinoise. Au lieu de ça, Wiazemsky écrit un journal intime sans intérêt, à la syntaxe scolaire et au contenu vide qui, s'il ne concernait Godard, aurait dû terminer en tête de gondole chez Auchan avec une couverture Plon. Ce n'est pas parce qu'on fréquente des génies qu'on écrit bien, c'était la leçon à méditer du jour. Une Année studieuse est une supercherie.