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14 janvier 2012

LIVRE : Les Enfants, pour quoi faire ? de Robert Benchley - 1922-1936

9782919186013Les amis de Dorothy Parker sont forcément mes amis, et j'ai donc toujours eu beaucoup de tendresse pour cet adepte de l'humour noir et de l'absurde que fut Robert Benchley. Ce que vient confirmer à nouveau ce recueil de textes épars concernant tous les enfants et l'enfer que cela constitue d'en avoir et de les côtoyer. J'adore ce ricanement continu qu'on sent à travers ces pages, cette façon à la fois naïve et acérée de prendre à l'envers les sacro-saintes institutions de l'enfant-roi, de la paternité, et de tout le folklore bien-pensant qui entoure nécessairement iceux. Benchley tape à coups de gourdins cloutés sur tout : Noël, les vacances, les colonies, l'éducation, le babillement vis-à-vis des bébés, les spectacles jeune public, etc. Bien sûr, la mauvaise foi et l'exagération sont de mise et constituent même le sine qua non de l'humour benchleyen ; mais on est forcé de constater que le bougre a parfois diablement raison, et qu'il dit souvent tout haut ce que n’importe quel adulte doué de raison pense forcément tout bas, dès lors qu'il s'agit par exemple de prendre le train avec un môme (l'équivalent de la dévitalisation d'une dent, selon Benchley), d'emmener sa progéniture au musée (ils en savent dix fois plus que vous et vous humilient sans vergogne), ou de dialoguer avec la jeune génération ("qu'est-ce qu'elle fait la meuh-meuh", un des sommets du livre). Franchement, il y a une occasion de se taper sur les cuisses toutes les deux lignes, et on ne cesse d'admirer le sens inné du contre-point, de la formule, et surtout de la "poussée de bouchon au maximum" qui se déploie dans ces textes. Le gars vise juste, mais n'est jamais cynique ou gratuitement méchant : il soupçonne par exemple l'idiotie hébétée apparente des ados d'être le ferment d'une révolution, ou suggère aux directeurs des camps de vacances de laisser dormir ces pauvres mômes plutôt que de leur faire faire du sport à 6 heures du matin, ce qui n'est pas sot. Insolent et poilant, du Benchley, quoi, à lire une coupe de champagne en main, parce que l'élégance y est de mise. La classe.

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