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28 novembre 2011

Robin des Bois (Robin Hood) d'Allan Dwan - 1922

vlcsnap_2011_11_28_17h27m30s43Elle est bizarre, cette adaptation de Robin Hood : on n'y trouve aucun des épisodes attendus qui ont fait la gloire des versions futures. Pas de flèche coupée en deux lors du tournoi, pas de combat de bâton avec Frère Jean au-dessus de la rivière, ce genre de choses. C'est, cela dit, un peu ce qui fait l'originalité du film : on y revient à la source du mythe, en prenant tout le temps de montrer comment Robin est devenu Des Bois. Ca donne une première heure anti-spectaculaire en diable, où on s'ennuie sévèrement ; mais ça permet de resituer le personnage et sa légende dans leur contexte, en centrant la première partie sur Richard Coeur-de-Lion en majorité. On y apprend que Robin s'appelait alors Huntingdon et portait un chapeau en cotte-de-maille bien peu seyant. On suit cette poussive et longuissime introduction en bâillant sa mère, tant Dwan échoue complètement à doper son récit par une quelconque invention : acteurs ternes (y compris Fairbanks, engoncé dans son costume), décors certes clinquants mais mal utilisés, manque de pêche pour raconter ce récit pauvre en événements et en glamour. C'est à peine si on remarque le joli minois de Marianne (Enid Bennett, sosie de Lilian Gish) au milieu du marasme, ou le sympathique portrait du roi Richard, paillard, braillard, rabelaisien et "hénauurme".

vlcsnap_2011_11_28_16h13m13s10Et puis à la mi-temps, Fairbanks enfile son collant vert (le film est en noir et blanc, mais on imagine), et là, ça passe nettement à la vitesse supérieure. On se met à rigoler bêtement devant les prouesses impeccables du sieur, entre descente de 40 mètres le long des rideaux du palais, combats à grands coups de chaises, assommage de garde royale à la chaîne et autres pitreries. C'est un euphémisme de dire que le Fairbanks est survolté : il est cartoonesque, bondissant et faisant de petits sauts de biche à la moindre occasion (même pour aller pisser, le gars vous fait trois saltos et 15 axels), grimaçant comme un damné, et finalement super-drôle dans ce rôle qu'il ne prend visiblement pas au sérieux (et il a bien raison). Les scènes d'action sont spectaculaires, j'avoue avoir frémi quand le bougre escalade le pont-levis en varape, et il y a un côté collégien dans les petites farces que Robin inflige aux fâcheux qui force le respect : vas-y que je t'accroche des poissons d'avril dans le dos des hallebardiers, vas-y que je pends deux vilains l'un en face de l'autre et que je les balance pour qu'ils se cognent dedans, vas-y que je fais des gestes obscènes aux archets qui me poursuivent... et vas-y au final que je trousse la goujonne (j'ai nommé Marianne) derrière une porte fermée qu'on peut qualifier de freudienne. L'énergie inépuisable de l'acteur, l'amusement général qui se dégage de cette deuxième heure, l'humour et le spectacle, font oublier la morne première moitié, et on quitte ce truc pas forcément emballé (ça reste un peu anonyme), mais repu. Un apéro sympathique avant de se taper la version Erroll Flynn.

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