L'Enfance de l'Art (1990) de Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville
Une petite rareté de Godard (une commande de l'UNICEF) que l'on doit une fois de plus à nos amis de KG. Une femme, qui fait la lecture à un enfant alors que les bruits de la guerre résonnent autour d'eux. Il est question de différences entre le sens de l'émeute et celle de l'insurrection - "deux colères, l'une a tort, l'autre a raison (...) Parfois insurrection c'est résurrection" - puis l'on suit deux combattants dont l'un écrit au dos de cartes postales (représentant le tableau de Delacroix La Liberté guidant le Peuple ) une sentence qui sera donnée en son entier au final "De toutes les tyrannies, la plus terrible est celle des idées". Il sera finalement tué comme pour venir "illustrer" (je mets les guillemets d'usage, c'est du Godard, hein...) ce passage lu des Misérables "La guerre ne devient honte, l'épée ne devient poignard que lorsqu'elle assassine le droit, le progrès, la raison, la civilisation, la vérité alors guerre civile ou guerre étrangère, elle est inique, elle s'appelle le crime" et notre Godard de conclure avec une incontournable petite phrase "Le droit de ne pas faire la guerre". On suit également deux enfants qui jouent tranquillement au ballon (occupation saine pour leur âge, dira-t-on) puis l'un d'eux "shoote violemment dans la balle" (après un plan où les deux enfants apparaissent tête-bêche) et l'on ne peut s'empêcher de faire un petit rapprochement avec la balle qui est juste avant tirée sur le combattant - un petit glissement de sens godardissime dont je vous laisse tirer vos propres conclusions... (bah allez, nan, je botte po en touche, disons qu'à cet âge il vaut mieux les voir jouer que les voir s'affronter... Mouais, c'est un peu facile... po mieux). Du Godard quoi.
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