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29 octobre 2011

LIVRE : Sans Illusions de Jean-Pierre Martinet - 2011

Capharnaum2Inattendue édition de la correspondance entre Martinet et l'éditeur Alfred Eibel, parue dans la revue Capharnaüm. Il est suffisamment rare d'entendre parler du grand Jean-Pierre Martinet pour qu'on ait envie de se jeter comme un fou sur cette poignée de lettres, et c'est ce que je fis, vous pensez bien. Résultat mitigé, reconnaissons-le : l'auteur des missiles sol-sol que sont Jérôme ou La Somnolence se montre "en privé" assez déplaisant et dénué de vraie stature littéraire, au point qu'on se demande un peu ce qui a pu motiver l'édition de cette correspondance. Il est vrai qu'il est toujours agréable de voir les quelques grands cyniques de la littérature s'attaquer à leurs contemporains : Martinet est dans le petit groupe des Léautaud, des Thomas Bernhard, des Céline, dans cette façon de s'en prendre violemment à la tiédeur du ghotta littéraire parisien, s'attaquant indifféremment et avec une vraie mauvaise foi aussi bien aux vrais nazes (Frédéric Dard, Bertrand Tavernier) qu'à ses propres défenseurs (Matzneff sert de tête de turc). Il tire tous azimuths, et c'est plaisant, mais sa plume manque de finesse, et ces lettres se transforment assez vite en purs objets amers sans vraie valeur : on y voit Martinet en proie aux difficultés de créer, en plein échec professionnel (entre licenciement de la télé et achat casse-gueule d'une librairie), et qui rejette ses doutes sur les épaules de ses "collègues". Chez Léautaud il y a un véritable humour, une délectation de la langue de pute, qui manque à Martinet (mais il est vrai que ces lettres n'étaient pas destinées à la publication, comme l'était le journal de Léautaud). Ceci dit, on replonge avec plaisir dans une époque passée, où l'érudition faisait déjà partie des pièces de musée dans un monde déjà voué à la consommation facile. Consommation dont l'auteur ne s'exclut pas, lui qui ne cesse de s'extasier sur les films de Fernandel (et de Lang, soyons juste), les polars de Jim Thompson et les clients de sa librairie plus intéressés par Paris-Turf que par le dernier Michaux. Et puis il y a toujours le sens du rythme de JP, sa saine colère et la bonté désespérée qui émane de chacun de ses mots, qui font que cette lecture s'avère tout de même essentielle pour tout amoureux du bougre.

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