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Shangols
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24 septembre 2011

Ponette de Jacques Doillon - 1996

ponette2Doillon vient de m'assassiner. C'est bien simple, au bout de trois minutes de film, j'avais la gorge serrée, et les larmes commençaient à poindre. Il faut dire que le gars n'y va pas avec le dos de la cuillère. Ponette est une petite fille de 4 ans qui vient de perdre sa mère dans un accident. Refusant de comprendre la réalité de la mort, elle va passer tout le film à attendre le retour de sa mère, par la prière, par des épreuves fantaisistes imposées par une copine profiteuse, par la patience et les larmes surtout.

Sur un tel sujet, on pouvait certes s'attendre au pire. Mais c'est Doillon derrière la caméra, et du coup, Ponette est un film extraordinairement attentif à ses petits acteurs, refusant le pathos en lui préférant une dureté implacable, la dureté de la vie, la dureté du monde de l'enfance. Les scènes de la fillette avec son père (Xavier Beauvois, absolument magistral)ponette1 sont les plus belles, qui montrent un adulte contraint à utiliser les mots les plus violents pour que sa fille fasse le deuil. Ce père-là est forcément maladroit, forcément trop brutal, et Beauvois le joue avec une sobriété magnifique. Mais bien sûr, ce qui bluffe le plus, ce sont les scènes d'enfants, qui font 90% du film. Nul mieux que Doillon ne sait capter ces instants qu'on sent uniques, où un petit se laisse aller à être naturel, oublie la caméra, et montre un visage vrai. Dans ces séquences, le montage est forcément haché, on sent l'énorme travail de remontage qu'il a fallu à Doillon pour conserver ces éclairs fulgurants de beauté pure, où les voix, les regards, les expressions des enfants sortent spontanément, réellement. Pourtant, pas de trace de paternalisme hautain là-dedans : le gars est à l'évidence fasciné par ses petits acteurs, impressionné même par ces fulgurances de vérité.

ponette3Plus grand chose à faire après ça pour rendre Ponette poignant : faire apparaître une Marie Trintignant mutine pour infléchir légèrement son scénario, ajouter une musique discrète et absolument impeccable de Philippe Sarde, doper un peu les dialogues pour développer l'émotion déjà créée par un enfant... C'est du travail d'amoureux, comme souvent chez Doillon : un amoureux de la vie, du monde, de la nature et des enfants, qui reconnaît aussi bien la beauté des choses que leur implacable violence. Je suis liquide...  (Gols 08/06/07)


Je suis assez fier de moi sur cette action, j'ai enfin réussi à voir Ponette sans pleurer comme une madeleine tout du long - et ce même quand les deux gamins enferment la chtite pendant trente secondes dans la poubelle et qu'elle se met à chouiner - j'ai bouffé le col de ma chemise mais j'ai tenu, fusil... Le gars Doillon faisait dans une interview un parallèle plutôt intéressant entre son film et Jeux interdits, revu justement récemment : "Dans Jeux interdits, de René Clément, la fillette ne cesse d'enterrer de manière symbolique ses parents. Ponette explore le contraire. Victoire, si vivante, si ardente, déterre". On assiste en effet à cette trajectoire qui prend parfois des allures de véritable parcours initiatique pour Victoire ; si certains adultes la noient de références catholiques - en pure perte - ou si plusieurs de ses petits compagnons lui proposent d'effectuer des "épreuves" pour lui permettre de se rapprocher de sa mère, il y a dans le personnage de Victoire quelque chose que personne ne peut réellement lui enlever ou saisir : sa propre foi dans le fait qu'elle va au moins une ultime fois retrouver sa môman disparue. C'est son obstination, au delà de tout discours des adultes qui semblent avoir bien du mal à la cerner, à la tranquilliser ou à la convaincre, qui va finir par payer, comme si, à cet âge-là, on possédait en soi une véritable magie pour parvenir à ses fins.

ponette

Alors oui, le montage peut sembler parfois un peu heurté (quelques plans-séquences malgré tout assez bluffants, vu les allers-retours que fait la caméra pour coller aux basques de ces acteurs de taille réduite), mais Jacques Doillon parvient à garder uniquement tous ces petits moments miraculeux où Ponette comme ses mini-comparses sont d'un naturel confondant - on est à l'opposé de ses gamins-stars chinois qui ne sont que des singes-marionnettes (quel est rapport ? Mouais, j'sais po, juste une chtite envie matinale de balancer, ne m'en veuillez point) ; il y a notamment une discussion dans le film sur les célibataires absolument tordante et on se demande souvent quel était le point de départ, scénaristiquement, du grand Jacques pour parvenir à un résultat aussi spontané... Un film en tout cas qu'il fait bien plaisir de revoir et qui constitue à n'en point douter une des toutes meilleurs directions de gosses de tous les temps - une leçon d'humilité pour un paquet d'acteurs toujours en "démonstration". Po volée cette coupe Volpi, Victoire.  (Shang 24/09/11)

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