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20 septembre 2011

The warped Ones (Kyonetsu no kisetsu) (1960) de Koreyoshi Kurahara

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Kurahara s'intéresse à la jeunesse déphasée de son temps et livre un film coup de poing bourré d'énergie, d'errements, de coups de gueule, de viols et de... jazz. On suit le parcours d'Akira (Tamio Kawaji, taillé sur mesure), un véritable chien fou aux allures de gamin (le type sautille tout le temps), qui comme ça, à première vue, semble avoir deux neurones (dire qu'il est "superficiel" serait un terrible euphémisme), un type totalement à la dérive et dépassionné de tout, si ce n'est justement du jazz : c'est sa came, le seul truc qui le mette en transe. Au delà de ça, il vous emmerde et on peut dire que Kurahara n'y va pas avec le dos de la cuillère pour illustrer, avec ce portrait d'un jeune homme survolté, toute une partie de la jeunesse qui n'en a plus rien à branler de rien...  On part sur les chapeaux de roue avec notre gazier Akira qui se fait pincer dans un bar à jouer les pickpockets : il bénéficie de l'aide d'une amie qui dragouille les Ricains au bar ; quand ceux-ci se mettent à trop la serrer, à moi le porte-feuille. Le film se commence en fait là où se terminait Les 400 Coups, avec notre héros qui sort d'un centre de redressement. Dès ses premiers pas hors de l'enceinte de cette véritable prison avec un pote rencontré sur place, Akira respire à plein poumon les rayons du soleil - si, c'est possible -, ce soleil levant nippon (déjà haut dans le ciel...) semblant bien être sa seule et unique source d'énergie. Le voilà reboosté à bloc, les conneries peuvent recommencer : vol de bagnoles, virée au bord de la mer avec son pote et son amie, agression du type qui l'avait dénoncé dans le bar, viol de la compagne de ce dernier... Akira ne semble point posséder une quelconque once de mauvaise conscience, accomplissant ces multiples actes comme un loup furieux lâché dans la bergerie. On comprend bien dès le départ que ce n'est pas le gars qui va nous faire un topo sur la philosophie grecque classique - je prends comme ça un exemple au vol - mais on n'en est pas moins scotché devant ce parcours qui semble uniquement motivé par la recherche de l'amoralité : une sorte de désoeuvrement pur et dur ; à défaut de savoir si la vie a un sens, Akira semble bien prêt à faire tout et n'importe quoi.

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Cette errance de jeune homme en chien fou est filmée comme un véritable tourbillon, Kurahara musclant son montage en enquillant les plans à la vitesse du son ; c'est filmé principalement en caméra portée, le cadre part méchamment de traviole notamment lors de la virée en bagnole, mais Kurahara a l'art d’enchaîner ces plans survitaminés tout en parvenant à garder une étonnante fluidité, pour ne pas dire une surprenante "lisibilité" - et c'est en cela déjà relativement impressionnant. Le cinéaste se focalise sur les relations entre Akira et cette jeune femme qu'il a violée et qui se retrouve enceinte ; cette dernière, qui forme avec son compagnon un couple ultra bobo avant l'âge, tente désespérément d'apitoyer Akira en évoquant son mal-être sentimental et ce gamin dont il serait le père. Dire qu'il s'en tamponne le coquillard serait encore en-dessous de la vérité tant Akira reste sourd à toutes ses complaintes : qu'on le laisse écouter paisiblement du jazz, le monde pourrait s'écrouler autour de lui qu'il s'en bananerait grave... Notre sauvageon, lors de ses multiples exploits délirants, ira jusqu'à squatter dans l'appart de ces bobos (il y déplumera un poulet qu'il bouffera comme un porc) et parviendra à échapper à la vengeance de ce couple (guère plus moral que lui...) prêt à tout pour se débarrasser de cet intrus quelque peu encombrant. Le film s'achève avec une situation quelque peu abracadabrante (Akira et son amie - dont le compagnon vient de mourir violemment (...) - et le couple de bobos se croisent dans la salle d'attente de l'hôpital : les deux femmes sont venues pour avorter), dans un immense éclat de rire (jaune, forcément) puis un cri de rage qui semble résonner dans le vide intersidéral... Kurahara dresse le portrait sans concession d'une jeunesse sans aucun repère et livre un film pour la peine qui décoiffe sa mère. La nouvelle vague nippone a déjà des allures de tsunami ravageur...

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