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8 septembre 2011

Celui que j’aime (The Man I love) (1947) de Raoul Walsh

"I hate fog... So lonely."

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Voilà un film du gars Walsh estampillé "noir" (d'après notre petite liste) assez surprenant en soi, non seulement parce qu'il n'a avec le genre qu'un vague "cousinage" (aucun meurtre - juste un chtit accident sur la fin, une ambiance jazzy avec une Ida Lupino poussant la chansonnette avec son éternelle cigarette "roadhousienne" à la main, une séquence dans le brouillard qui annonce un dernier quart d'heure chaud bouillant mais qui ne tarde point à se refroidir, des personnages qui semblent plus avoir des comptes à régler avec leurs propres sentiments qu'avec autrui...) mais surtout parce que pendant une grande partie du film on se demande, à chaque séquence, quelle direction le film va prendre : même si l'on suit surtout les aventures de la grande Ida (de passage après une longue absence dans sa famille - deux soeurs (la plantureuse Andrea King (1m66.. c'est tout... - faisait beaucoup plus grande vue de mon canap) et la chtite Martha Vickers) et un chtit frère -, petit monde sur lequel elle va se faire un devoir de veiller) femme forte et solitaire qui ne pourra empêcher son petit cœur de battre la chamade quand elle croisera celui qui pourrait être l'homme de sa vie (excellent Bruce Bennett en San Thomas (!), personnage dont une ombre permanente plane sur le visage)... Walsh sait prendre tout son temps pour planter sa dizaine de personnages principaux (de la famille d'Ida au beau gosse richard et dragouilleur pas toujours très clair aux entournures (Robert Alda is Nicky Toresca) en passant par l'éternelle blondasse de service (Dolores Moran) qui devrait peiner à compter tous ses neurones sur les deux doigts de la main), des personnages qui vont se retrouver bien souvent lors de longs tête-à-tête où souvent les sentiments semblent n'aller que dans un sens, se permet de bien jolies parenthèses musicales pianissimesques (Gershwin qu'on reconnaît dès la seconde note du générique) et à défaut d'assister ébahi à moult péripéties ou à une construction narrative alambiquée (juste un chtit flash back, vraiment pour la forme pour montrer un militaire - le mari d'Andrea King - qui tout juste de retour de la guerre (là aussi, petite touche noire incontournable) doit se coltiner des petites crises nerveuses... Elle ne croit d'ailleurs plus à la rédemption mais... rahhh psssstttt), on admire le montage au millimètre de l'artisan Walsh - de micro transitions pour se rapprocher des personnages au sein d'une même séquence qui sont toujours magnifiquement amenées - notamment par un geste esquissé (plan 1) que l'on retrouve tel quel dans le plan 2 - voir Ida fumer sa clope au début du film et allumer celle du pianiste (je vous rassure la phrase est finie).

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On peut certes se sentir un peu perdu dans un premier temps dans ce "pseudo" film noir qu'animent avant tout des romances contrariées. Une Ida en particulier prête à tomber dans les rets du rouleur Toresca uniquement pour pouvoir jeter un coup d’œil dans la boîte qu'il tient (l'une des soeurs et le chtit frère y bossant) et qui va rapidement craquer pour le ténébreux Bennett - ce dernier doit gérer lui-même un ancien amour qui s'est fini en queue de poisson et il a bien du mal à se laisser totalement séduire par le sourire de la belle ; il y a également en arrière-plan les déboires sentimentaux de la blondasse prête à délaisser son Johnny pour roucouler auprès de Toresca ou encore la sage Andrea King qui malgré le peu d'espoir qu'elle place dans le rétablissement de son mari se fait un point d'honneur à lui rester fidèle... Toutes ces intrigues s’enchevêtrent dans une sorte de ballet assez... curieux (mais c'est sûrement là que réside tout le charme de ce film "transgenre") et lorsque au début du dernier quart d'heure le ton monte subitement, à l'image du brouillard au sein de cette nuit cruciale (on sent bien venir le coup du mari jaloux qui va finir par se venger et provoquer un carnage), on se remet droit dans son fauteuil pour ne rien rater de ce qui s'annonce comme une accélération fatidique (et vas-y que je te mange des morceaux de melon et d'ananas à un rythme soutenu pour ne rien rater sur l'écran) ; là encore le gars Walsh parvient à nous prendre à contre-pied (et maintenant j'ai mal au ventre, ballotement) en nous servant dans la foulée une séquence où un gars énervé avec un gun se prend une branlée par... l'Ida (tu va arrêter tes conneries, dis !), un événement inattendu qui pourrait faire figure de happy end, puis un ultime passage de romance "douce-amère" pour clore les débats. Déstabilisant - d'une certaine façon - et énigmatique comme le sourire de l'Ida en louve solitaire, mais un Walsh qui au final parvient à nous convaincre "aux points", dans ce combat en dix rounds entre le noir clair et le rose foncé (rose gris, on s'entend, le noir est blanc valant d'ailleurs en lui-même le détour). Bien vu Raoul.

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Walsh et gros mythe : cliquez

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