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15 août 2011

LIVRE : L'Ecologie en bas de chez moi de Iegor Gran - 2011

iecor-gran-lecologie-en-bas-de-chez-moi_1300797316_thumbnailQuoi qu'il arrive, ça fait toujours du bien de lire des choses qui vont à l'encontre de la bien-pensance ambiante. Ca fait donc du bien de lire cet essai taquin de Iegor Gran, même si le gars n'est pas bon de bout en bout et perd un peu, dans ses intentions et dans son style, au fur et à mesure du bouquin. Prenant prétexte de la sortie prochaine de Home de Arthus-Bertrand, annoncée à grands cris par ses voisins de pallier, la presse, la télé, etc., Gran décide de s'opposer frontalement aux ayattolahs de l'écologie bobo : pendant 200 pages, il va s'évertuer à démonter, non pas tant les théories de Arthus-Bertrand, Hulot et autres Mamère, que la popagande politiquement correcte à laquelle ils s'adonnent. Marre de tous ces gens qui le somment de consommer citoyen, de trier ses poubelles, de sauver les bébés phoques et d'être responsable en tant qu'éco-citoyen concerné. Pendant une bonne moitié du livre, ça donne un pamphlet délicieux de mauvaise foi et de rage communicative. Insultant, indigné, Gran se range du côté de ceux qui sont contre du moment que la masse est pour. Très agréable de voir le gars dézinguer des figures unanimement vénérées, en avouant avec fierté que non, il ne trie pas ses déchets, que non, il n'ira pas voir le film, et que non, il n'est pas d'accord avec le catastrophisme des politiques. Le style prime vraiment sur la pertinence puisqu'il s'agit surtout d'un cri de colère, doublé d'un maniement délicat de l'humour noir et de la subjectivité. Certes, le monsieur, c'est sa marque, multiplie les notes de bas de page pour appuyer ses dires (y compris d'ailleurs pour signaler qu'il aime les notes de bas de pages, ou pour indiquer les endroits où il n'y a pas de notes de bas de pages), et inscrit des données scientifiques concrètes qui viennent prouver ses dires. Mais c'est l'insolence gamine du truc qui séduit, plus que l'érudition.

Dommage, du coup, que Gran finisse par se prendre à son propre jeu, et change d'axe avec pas mal de maladresse à mi-parcours. Plutôt que de rester dans la rage et l'attaque contre une certaine forme de discours, il se laisse aller à une mise en doute du réchauffement climatique, à une défense de la sur-consommation, bref à une attaque contre l'écologie elle-même. Il est là beaucoup moins convaincant, parce que pas drôle. On comprend que, son cynisme lui faisant perdre son meilleur ami (le livre est aussi le récit d'une trahison), il cherche à enfoncer le clou, à aller au bout de sa théorie et de sa "déchéance"; c'est juste qu'on préférait quand il s'en prenait à la méthode propagandiste et sans nuance des écolos qu'à leur combat lui-même. On a l'impression, à force, que Gran défend une thèse en laquelle il ne croit pas vraiment, alors que celle du début du livre était vraiment pertinente et drôle. On referme donc le bazar mi-figue mi-raisin (bio). Mais avec le souvenir d'un bon moment de ricanement tout de même.

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