Femmes au bord de la Crise de Nerfs (Mujures al Borde de un Ataque de Nervios) (1988) de Pedro Almodovar
Shangols est un peu chiche sur les films du gars Pedro que nous n'avons, ces six dernières années, guère revus avec mon camarade de jeu. Je pensais vraiment prendre un grand plaisir à revoir cette œuvre déjantée du cinéaste ibère qui clôt en un certain sens un premier cycle dans sa filmo (Movida + Carmen Maura) ; malheureusement, je ne sais si c'est le film ou si c'est moi qui a/ai le plus mal vieilli (le premier qui sourit, c'est une baffe) mais au final cette véritable "tornade" visionnée il y a quelque vingt ans m'a parue terriblement molle voire même en un certain sens assez faiblarde. Des personnages dessinés à grands traits qui sont terriblement prévisibles (en dehors de la Carmen qui a du ressort et fait preuve d'un vrai abattage, le reste de la distribution fait plus de la figuration qu'autre chose (Rossy de Palma éteinte au somnifère pratiquement tout du long, Antonio Banderas en serial lover ado idiot, Julietta Serrano en grande bringue paniquée...). Almodovar se contente d'un scénario qui repose sur des ficelles grosses comme ça (des terroristes chiites qui projettent de détourner un avion en route vers Oslo...) et multiplie à l'envi les rebondissements et les invraisemblances (tout le scénar repose en fait sur un enchaînement de coïncidences - une, ca va, douze, c'est lourd) comme pour tenter de donner une sorte de fil conducteur à une trame principale bien molle du genou (un homme trompe sa femme et son amante pour s'enfuir avec son "troisième bureau"...). Au niveau de l'humour et surtout du rythme - au delà des nombreux objets qui volent par les fenêtres (the gag récurent, on se croirait presque dans la cour de mon nouvel appart avec mes vénérables voisins qui chaque jour se plaisent à jeter une poubelle - c'est moins drôle, certes...) - j'avais en tête un film avec des répliques qui fusaient pendant quatre-vingt-cinq minutes et un nombre incroyable de situations à se tordre... C'est quand même sur les deux tableaux, la portion congrue.
Comme quoi parfois, il vaut mieux se contenter d'un bon vieux souvenir (même un peu frelaté) plutôt que de croire que certains feelings enthousiastes seront éternels (remarquez que j'ai la décence de ne pas faire de parallèle avec des ex - sachant que, de leur côté, le jugement serait peut-être encore plus sévère eheh). Même au niveau de la fameuse "hystérie almod-ovarienne" (le jeu de mot est subtil, convenez-en), l'ensemble m'a paru bien court, à l'image d'ailleurs des tenues très légères du casting féminin (quand mon œil commence à se laisser séduire par les costumes, c'est jamais bon signe). Bref, m'attendais à un revival en forme de petite claque vivifiante et mon intérêt pour le film (après avoir tout de même apprécié ces premières séquences avec l'enregistrement du doublage du film - sans que les deux personnages principaux soient présents - et cette thématique de l'incommunicabilité à cause, notamment, du mauvais timing des coups de fil) est retombé comme un soufflet. Désolé Pedro, cela partait pourtant d'une bonne intention...