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25 juillet 2011

Je veux seulement que vous m'aimiez (Ich will doch nur, daß ihr mich liebt) (1976) de Rainer Werner Fassbinder

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Ce qui est bien avec Fassbinder, c'est qu'on sait toujours que le gars trouvera le moyen de nous plomber la journée... Attention, je ne dis point que le jeu n'en vaut pas la chandelle, juste qu'il doit s'agir d'une des raisons pour lesquelles cette odyssée shangolienne avance aussi lentement... La sortie en dvd de ce téléfilm qui bénéficie tout de même de la photo de l'incontournable Michael Ballhaus fut donc l'occasion, avant un repos malgache bien mérité, de se repencher sur notre ami Rainer ; certes l'histoire d'un homme qui déprime et qui finit par en assassiner un autre n'est po vraiment folichon sur le papier, j'en conviens. Armé d'une part de gâteau au chocolat recouvert de chantilly, je pris mon courage à deux mains, bien décidé à lui faire sa peau, au film. Bon, c'est pas gai, certes, mais cette œuvre est non seulement savamment construite (Fassbinder mêle à sa trame principale de nombreux flashs-back ainsi que des flashs-forward toujours joliment amenés) mais demeure également minutieusement filmée : on retrouve ici et là la petite patte du Rainer dans ces micro-mouvements de caméra circulaires ou dans la façon originale d'utiliser un miroir. Une histoire qui n'est donc pas vraiment la fête à neuneu mais qui n'en demeure pas moins relativement prenante, tant l'on finit par s'attacher au destin de ce Peter Trappel qui essaie de faire le maximum pour son amour... avant de péter (littéralement) un câble - un sacré "coup de téléphone", si je peux me permettre...

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Fassbinder nous fait ressentir toute la détermination de cet homme qui, échappant au carcan familial peu jouasse (une mère dominatrice et un père guère encourageant envers son rejeton de fils), va tenter envers et contre tout de faire vivre sa petite famille (sa femme et son bébé) en tentant chaque mois de joindre les deux bouts. Même s'il bosse comme un forcené, notre gars ne va pas tarder à se rendre compte que la vlcsnap-2011-07-22-20h29m47s182partie est loin d'être gagnée d'avance : le fait de se retrouver, juste après son mariage, avec un gamin sur les bras, et sa volonté de satisfaire sa femme "coûte que coûte", risquent en effet de le conduire sur une mauvaise pente et de le laisser au final plus endetté que la Grèce... Fassbinder, mine de rien, nous fait sentir que les rêves de notre gars ont toutes les chances de rapidement s’essouffler : une proposition de mariage faite sur des rives "sableuses" (c'est ce qu'on appelle, réellement, partir de rien : notre jeune couple part pratiquement à zéro, financièrement parlant, des "fondations" bien fragiles pour survivre dans cette société de consommation où tout s'achète à crédit), les parents de Peter qui semblent autant concernés par le bonheur de leur progéniture que moi de la vie sexuelle de Martine Aubry, un employeur qui sait parfaitement quelle "perle" il a touchée en employant cet ouvrier totalement dévoué à son travail mais qui a bien du mal à vraiment mettre la main au portefeuille... Notre Peter, progressivement pris à la gorge par les dettes, se retrouve peu à peu dans une sorte de "prison mentale" (la scène dans le bureau de son boss puis ensuite dans le métro avec ces lignes en fond sur le mur)... On sent qu'il va finir par craquer mais on ne sait point quelle petite goutte fera déborder le vase - lorsqu'il acceptera  la thune de son père (pratiquement sous les yeux pleins de dédain de cette mère), l'humiliation sera-t-elle que sa fierté, son honneur, sa foi, son courage seront profondément touchés ?... L'amour de Peter pour sa femme - et vice versa (si les sentiments que les deux personnages nourrissent l'un envers l'autre sont sincères et profonds, on ne peut po dire que le père Fassbinder les mette en scène de façon particulièrement "fleur bleue" ou romantique... Mange po de ce pain notre homme...) ne suffira pas à empêcher notre héros de couler... Un "conte" moderne et tragique qui, trente-cinq ans plus tard, garde - malheureusement en un sens - toute son acuité. Du Fassbinder de très très bonne tenue.

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