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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
13 février 2020

Black Moon (1975) de Louis Malle

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Parcours initiatique de la jeune Lily (Cathryn Harrisson jeune nymphette de quinze ans) dans un monde chaotique (guerre des sexes, littéralement, puisque des groupes d'hommes et de femmes s’entre-tuent) comme une version d'Alice au Pays des Merveilles rédigée en écriture automatique et made in seventies. Si les images signées du grand Sven Nykvist impriment immédiatement la 800__black_moon_blu-ray_5_pupille (qu'il s'agisse pour lui de filmer le monde "microcosmique" des insectes ou de teinter tout le film d'une sorte d'ombre menaçante (on est dans le Lot, on se croirait en Irlande, genre)), on a beaucoup plus de mal à suivre les délires d'un Malle qui nous trimballe dans les couloirs labyrinthiques d'une mansarde isolée : on comprend rapidement qu'il faut remiser sa logique dans la commode, et qu'il faut comme le personnage principal tenter tant bien que mal de s'adapter à ce monde étrange - un endroit encore isolé de cette guerre qui fait rage et où hommes et bêtes semblent être sur un pied d'égalité, parvenant même à communiquer (ma préférence allant indéniablement au porcelet qui gueule quand on lui pique son verre de lait et au rat mutant qui discutaille avec la grand-mère). Cette dernière, éternellement couchée dans son lit, est l'une des rares personnes humaines que Lily rencontre dans la maison ; elle y croisera également un étrange couple androgyne (Alexandra Stewart et Joe Dallessandro) et toute une foule de bambini nues. Si.

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Un parcours initiatique, vous allez me dire, c'est bien gentil, mais à quoi ? Bonne question qui me donnerait envie de botter en touche comme Louis Malle : à chacun de voir dans le film ce qu'il veut, merci, bonne journée... Comme il y a une licorne, on serait forcément tenté de parler de sexualité (notre licorne n'est point blanche et élancée comme tout prince charmant qui se respecte mais grosse et grise : elle se rend d'ailleurs bien compte que Lily est déçue...), on pourrait sans doute plus parler d'éveil à la sensualité (vu qu'il y a Joe Dallessandro ? Nan, nan, ça va, notre ami sait relativement bien se tenir avec la jeune fille...) puisque notre Lily ne cesse, outre les relations physiques (ou disons plutôt précisément tactiles) avec le Joe, d'être en contact avec différents insectes et animaux en tout genre (cochons, serpents, pies, moutons, rat, chat, licorne...) dans une nature qui déborde de son cadre et envahit la maison... En dehors de cela, force est de reconnaître que la pseudo-symbolique de certaines scènes demeure un poil absconse (un monde en plein bouleversement, ok, super) et que, malgré le charme et l’originalité indiscutables de certaines situations, on bat un peu des paupières (je veux bien me "laisser porter", clair, le problème c'est que je suis un peu lourd... ah ouais d'accord). On ne va point reprocher à Malle de faire dans l'expérimentation ni de chercher à nous faire perdre pied en nous proposant une œuvre hors des sentiers battus (Dieu soit loué), juste regretter que certaines séquences aient tendance à s'éterniser jusqu'à émousser notre plaisir et (éventuellement) notre patience... Un ovni esthétiquement très soigné du Louis, à défaut d'être un film absolument "merveilleux"..   (Shang - 06/07/11)

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Parfois on croise des gens qui vous orientent vers des films qu'on n'aurait jamais regardés, voire dont on ignorait totalement l'existence. C'est le cas avec Black Moon, dont m'a parlé son ingénieur du son (césarisé, s'il vous plaît), avec ce qu'il faut de pincettes (genre : je l'ai pas revu, à mon avis c'est naze). C'est parti donc pour un voyage dans le cortex cérébelleux de Louis Malle, qui nous offre avec ce film un machin résolument éloigné de ses oeuvres habituelles, une expérience sensorielle, surréaliste et complètement barrée à laquelle ne nous avait pas habituée ce cinéaste d'ordinaire assez sage. On est prévenus d'entrée de jeu : inutile de chercher un sens à cette histoire, il n'y en a point, c'est juste un délire onirique, et la présence au scénario de Joyce Buñuel, belle-fille de, nous indique bien le genre de film auquel on a affaire : une variation autour d'Alice au Pays des merveilles, mâtinée de toutes les hantises et fantasmes de Malle, un bon vieux gros délire que toute l'équipe accompagne avec un entrain qui fait plaisir.

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Lily est une jeune fille qui fuit la guerre : autour d'elle des femmes sont fusillées sans pitié, il est temps de se retirer. Elle trouve refuge dans une demeure isolée, dans laquelle demeurent :
- une vieille dame alitée qui parle à un ragondin et envoie des messages secrets dans un poste de radio. Celle-ci, après une période de tension avec Lily, finira par accepter de têter son sein, non s'en s'être fendu la poire devant la culotte de la jeune fille qui n'a de cesse de choir à ses chevilles
- Joe Dallessandro (Lily), pas encore redescendu de sa dernière nuit avec Warhol, qui chante des airs d'opéra et jette des regards un peu ovins à la jeune fille
- Alexandra Stewart (Lily), un peu en colère on dirait
- une licorne qui parle
- des enfants tout nus qui courent après des moutons et des cochons et se mettent finalement à chanter du Wagner
- et une faune en tous genres, de la marguerite hurlante (...) au cheval, la plupart finissant décimée (et bim la tête de l'aigle qui vole, et paf le blaireau qui se prend une bagnole)
Notre gâte Lily ne sait plus où donner de la tête face à ce monde étrange, et court donc comme une dératée aux quatre coins de l'écran, se fougeant bien souvent dans les buissons, terrifiée parfois par les bruits de fusillade qui s'élèvent au loin, offusquée par le sale caractère de la vieille et un peu perdue dans sa quête de la licorne qui n'arrête pas de s'enfuir dès qu'on veut l'approcher. Tout ça nous mènera tout droit là où ce scénario a l'air de nous mener : nulle part.

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On le voit, on n'est pas dans la rigueur d'écriture et le blockbuster le plus transparent. On s'ennuie bien plus souvent qu'à son tour dans ces fumeuses élucubrations qui peuvent faire penser à Topor et à Balthus, c'est vrai : trop de délire tue le délire, et on se dit assez vite que, puisqu'il nous fait n'importe quoi, Malle pourrait aussi bien inventer n'importe quoi d'autre, et que ça passerait pareil. Mais malgré tout, le film a du chien, ne serait-ce que par ses inventions rocambolesques filmées avec la rigueur qu'il faut : c'est très sérieux, très bien fabriqué, alors que dans le fond c'est aberrant. Le fim a sa propre logique, et trouve finalement une certaine cohésion par l'homogénéité esthétique qu'il propose. Tous les postes techniques sont remarquables, du son donc (une symphonie de petits couinements et grincements bizarres) à la très jolie photo (de Sven Nykvist). Malle a saisi quelque chose d'assez insaisissable, la trame des rêves, la magie et en même temps la cohérence de ceux-ci, leur "logique parallèle". Parfois tellement absurde qu'il en devient mararnt, porté par une jeune comédienne impliquée et compétente, Black Moon est au final un de ces machins bizarres et improbables qu'on aime bien dans ce blog, et mérite toute notre attention.   (Gols - 13/02/20)

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