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14 juin 2011

Sans Lendemain (1940) de Max Ophüls

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Juste avant De Mayerling à Sarajevo, Max Ophüls avait déjà croisé Edwige Feuillère dans ce récit d'une femme sans guère d'illusion... L'Edwige, depuis la mort de son mari (un vrai truand), est sans le sou ; pour survivre, elle doit bosser dans un cabaret où elle s'effeuille (forcément) et tient compagnie aux clients de passage, un taff d'entraîneuse terriblement dégradant à ses yeux. Un soir, elle croise par hasard, un amour de jeunesse (George Rigaud) auquel elle a honte d'avouer sa déchéance... Elle va se résoudre à passer un deal guère catholique avec un truand parisien pour qu'il lui permette de louer un superbe appart, histoire de montrer à George que tout va bien pour elle... Ce qu'elle attend vraiment de lui ? A vrai dire po grand-chose : elle semble juste soucieuse de préserver sa fierté et sa dignité pendant ces trois jours, le temps de la visite de George (qui vient du Canada) dans la capitale... Après ça, Dieu seul sait ce qu'il adviendra d'elle...

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Un petit passage ophülsien dans les coulisses du music-hall, un portrait de femme en Mère courage (Edwige doit en plus s'occuper d'un gamin qu'elle eut de son précédent mariage) qui donne l'occasion à notre héroïne de nous émouvoir sur tous les plans (elle semble résolument prête à tout sacrifier pour ne pas décevoir celui qu'elle a aimé et qui l'aime encore...), des petits dialogues amoureux qui ne mangent pas de pain (- Quand tu es là, tout est beau, dit-il / - Tout est loin, ajoute-t-elle. On se croirait au commencement du monde. / - A chaque fois qu'un homme et une femme s'aiment, c'est comme si le monde recommençait...), une magnifique photo... Oui, bon l'ensemble n'est pas déplaisant, on sent à quel point la caméra d'Ophüls est amoureuse de son personnage féminin et cela permet à Edwige Feuillère de montrer toute l'étendue de sa palette (mère aimante, amante passionnée, femme désillusionnée, personne désespérée...)

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Ce qui m'a en fait le plus surpris "dans l'histoire", c'est la façon dont certaines séquences sont montées : on a comme l'impression qu'Ophüls tente de découper au maximum certaines scènes, variant à l'envi les angles de prise de vue et la grosseur des plans. On sait à quel point l'ami Max est un fin technicien (capable de passer une semaine pour chiader un plan-séquence) mais j'avoue que là le principe fut souvent un peu désarçonnant ; au delà des problèmes de son (ouais bon parfois, il y a de petites sautes de son d'un plan à l'autre mais ne soyons pas chien, on est en 40), ce procédé a un côté "petit exercice de style" qui n'apporte finalement pas grand chose à la séquence : c'est parfois relativement inattendu (des gros plans soudain en particulier) et assez amusant de voir ces variations d'angles "à 360 degrés"  (ça change du traditionnel champ / contre-champ, on est d'accord) mais cela se révèle également un tantinet artificiel - plusieurs fois, je me suis demandé quel était vraiment l'intérêt de la chose si ce n'était pour épater la galerie et donner un maximum de rythme à des dialogues qu'on aurait presque du coup... un peu de mal à suivre. Je préfère en comparaison cette jolie et simple séquence où la caméra entre dans l'intimité de la chambre où se retrouvent les amants (qui évoquent, paradoxalement, leur volonté d'être "seuls au monde") s'approche de plus en plus de leur visage et se retire de la même façon "sur la pointe des pieds" (avec à chaque pas la fenêtre qui s'entrouvre et se referme comme par "magie") - c'était la chronique "technique" de la semaine... Pour le reste, reconnaissons que le scénario se déroule sans grande surprise même si le final amène son lot de tension dramatique - belle conclusion notamment sur ce quai des brumes... Une ptite phrase conclusive, sinon ? Allez. L'Edwige met son corps, son coeur (en hiver - la saison qu'elle incarne sur scène) et son âme à nu pour un Ophüls dont l’œuvre semble déjà centrée sur la gente féminine. De cela, on ne se plaindra point.

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