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8 juin 2011

La grande Nuit (The Big Night) (1951) de Joseph Losey

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Parcours initiatique que celui de ce jeune homme (John Barrymore Jr) qui va se perdre jusqu'au bout de la nuit. On peut être quelque peu décontenancé par les multiples rencontres (plus ou moins "signifiantes") qu'il va faire au cours de sa quête - est-on dans la réalité ou dans le rêve (une question que l'on se pose jusqu'à la fin, notre jeune ami ayant en ouverture du film "fait un vœu"...) ? - : notre héros ayant lui-même perdu tous ses repères, il ne semble parfois guidé que par la pointe de son gun... Il est brinquebalé ici ou là, paraît le plus souvent incapable d'analyser sa propre situation, seule une petite voix en lui criant "vengeance" semblant le faire rebondir... Car John, le jour de ses dix-sept ans, a vu en quelque sorte son monde s'effondrer : ayant perdu sa mère à l'âge d'un an, il vit sous le regard protecteur de son pater ; si John est déçu que ce dernier ne fréquente plus ces derniers temps une certaine Frances (avec laquelle John l'imaginait bien se remarier), il va encore tomber de plus haut lorsqu'un critique sportif qu'il admire va faire son apparition dans le café de son père : notre critique (Howard St. John as Al Judge (un nom qui est déjà tout un programme), véritable personnage languien avec sa canne, tout aussi effrayant) va demander au père d'enlever son marcel avant de lui asséner, à genoux, une pluie de coups avec sa canne. Le père obtempère sans sourciller, le fils est atteint dans sa chair... Celui-ci n'aura plus qu'une obsession au cours de cette nuit : venger son père - mais les choses qui paraissent parfois évidentes ne sont jamais aussi simplistes (John est encore par trop naïf, il doit encore perdre sa petite peau d'ado "qui sent encore le lait").

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John, de retour dans sa chambre, va décider de s'habiller comme un grand, d'emprunter le gun paternel et de se rendre à un combat de boxe où il est sûr de croiser Al Judge ; le début d'une très longue nuit : il fera la connaissance d'un professeur décadent qui va l'emmener dans ses débauches enivrées, d'un petit voyou qui va facilement le berner (avant que notre John, grandissant à vue d’œil, ne se rebelle), d'une jeune femme qui tente de le "protéger" - contre lui-même  (il aura même droit à son premier baiser - sans que cela ne vienne lui enlever son idée de la tête)... John, malgré son jeune âge, est ultra-motivé pour retrouver la trace de Judge, mais les aléas font qu'il se retrouve parfois dans des situations sur lesquelles il n'a absolument aucun contrôle (étrange scène que celle où il porte un bébé dans un bras tenant son flingue dans l'autre main ; curieuse séquence également lorsqu'il rencontre cette chanteuse black et qu'il lui dit à quel point il la trouve belle... avant de lâcher stupidement un "dommage que vous êtes..." - il a, dans la seconde, honte de lui-même, s'en va en baissant la tête, le sourire de la chanteuse laissant place à un masque rongé par la peine après cette réflexion de racisme ordinaire (Losey a-t-il voulu nous montrer que ce petit jeune plein de bonne volonté a malgré tout bien du mal à se défaire des a priori de son temps...? Mouais)). John finira par se retrouver face à face avec ce Judge mais ne comprendra véritablement le fond du problème que lorsque son père lui livrera enfin toutes les clés.

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Un jeune héros sur le sentier de la guerre qui a bien du mal a garder la tête froide (la scène tonitruante dans la boîte où les images du batteur black et de Al Judge battant son père se superposent) et qui découvre que derrière les apparences rien n'est jamais aussi limpide qu'on le croit. Un curieux parcours initiatique, parfois un peu déroutant (on finit par se perdre un peu en route, comme le John), mais forcément formateur pour ce jeune homme (sur lequel Losey multiplie les gros plans comme pour mieux montrer les émotions qu'il ressent à fleur de peau) qui découvre le monde nocturne des fifties et ses turpitudes. Une quête originale d'un jeune homme faisant sa mue mâtinée de "noir", le dernier Losey aux US avant son départ en Europe à cause du mccarthysme.

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