Les Liaisons dangereuses (Dangerous Liaisons) (1988) de Stephen Frears
Revoir ces Liaisons quelque vingt ans après sa sortie et se dire que ce film de Frears a quand même dangereusement vieilli, en particulier au niveau de cette mise en scène très "heurtée", j'y reviens (cela n'augure rien de bon pour Valmont que je vais me refaire dans la foulée) ; film d'acteurs comme on dit : on pourra apprécier la sensualité indéniable de la toute jeune et fringante Uma Thurman, l'évidente fragilité de Michele Pfeiffer qui compose une Mme de Tourvel qui ne peut s'empêcher une scène sur deux d'avoir la larme à l’œil ; pour ce qui est de Glenn Close, bon ben Glenn Close, hein, ni pour ni contre, masculine en diable (c'est un peu vache, j'avoue), par exemple la préciosité exacerbée de Malkovich, si elle peut parfois amuser, finit aussi par lasser - cette terrible habitude de se pincer les lèvres ou de garder la bouche ouverte comme un poisson rouge au bord de l’asphyxie étant par trop systématique ; quant à sa façon "ultra fougueuse" de se jeter aux pieds de ses conquêtes, on frôle souvent le ridicule - ; Keanu Reeves en Danceny fait pour sa part déjà preuve d'un manque absolu de charisme qui fait peur (oui, un rôle taillé sur mesure, me direz-vous...).
Il s'agit donc d'un scénario adapté de la pièce de théâtre de Christopher Hampton qui ne sabre point trop le roman de Laclos et garde autant que faire se peut, in english, le double sens de certains propos, notamment celui des lettres assez jouissives de Valmont. Si le film fait péter au niveau des costumes et des décors, on ne peut point en dire autant de cette terrible musique violonneuse dont on se serait bien passé, le véritable bé-mol restant tout de même à mes yeux cette "mise en scène" vraiment poussive ; Frears a bien du mal à donner du mouvement, de l'ampleur à ses séquences, se contentant le plus souvent d'enchaîner les plans fixes pour finir, forcément, en gros plans - au plus près des mots, mouais, m'enfin quand même. Sans faire le grincheux par excès et relever tous les faux-raccords, notons simplement que la virtuosité du texte n'est guère soutenue par celle des images ; les séquences semblent "saucissonnées" à l'extrême et gâchent une partie du plaisir que l'on prend au machiavélisme "naturel" des personnages, au génie de leurs réparties. De petits numéros d'acteurs "pro", certes, pas non plus de quoi s'emballer outre mesure. Frears, quoi.