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2 mai 2011

Scream 4 de Wes Craven - 2011

19560698_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20101026_113347Je fais partie de ceux qui aiment beaucoup les trois premiers films ; j'imagine que je fais donc partie de ceux qui ont été très déçus par ce nouvel opus inutile et poussif. Craven était allé très loin dans le "méta-film" avec le n°3, complexe construction de film dans le film dans le film, qui jouait avec les codes du genre jusqu'à l'abstraction. Ce Scream 4 marque un grand pas en arrière, ce qui était prévisible puisque la piste du démontage de la recette de l'horreur au sein d'un film d'horreur semble être une genre à lui seul, et genre qui a fait son temps.

Que raconter après la première trilogie ? Comment user encore la thématique de la communication, de l’image, de l’assassin de l’ère numérique ? Comment surprendre encore l’ado rompu à toutes les recettes du slasher de base ? Idée : en entrant dans l’ère 2.0, c’est-à-dire en utilisant les réseaux sociaux comme des relais du danger, comme des multiplicateurs des possibilités du gore : le regardant, le regardé, la victime et le bourreau se confondent dans un même flux d’images, relayées par des webcams dans tous les coins, des caméras subjectives à gogo, et des petits écrans s’incrustant dans d’autres petits écrans, etc. Bon. Il y Scream_4_Photo_Promo_4a deux problèmes dans le traitement de Craven : 1/ la forme : cette utilisation de Facebook ou de Twitter pour créer un assassin super-contemporain fait long feu, et ne débouche pratiquement jamais sur une vraie idée concrète. On sent Craven tourner autour de la chose, cherchant les possibilités de son dispositif : une victime voyant sa propre mort sur son portable avant d’être tuée, une complexe installation de caméras filmant des caméras filmant des caméras, des allusions fines à Peeping Tom de Powell, ce genre de choses. Mais force lui est de reconnaître que tout ça est une fausse bonne idée, et que le filon est très vite épuisé. 2/ la morale : forcément, en se servant d’internet comme arme du crime, Craven est obligé de tomber dans un prêchi-prêcha ringard et dépassé vraiment pas à sa gloire. Apprends, adolescent boutonneux, que Facebook, c’est mal, qu’il vaut mieux avoir des amis que des fans (sic), et que c’est vachement dangereux de surfer sur la toile. Apprends par la même occasion que l’adolescent américain moyen, donc toi, est un crétin minaudant et sexuellement dépendant, et maintenant au lit.

19699886_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20110323_014408Devant un tel fiasco, Craven se réfugie bien vite dans les bonnes vieilles recettes de papy : faire peur en faisant bondir dans son fauteuil sur un rythme calibré. Même là, c’est con à dire, mais c’est raté : la recette du genre est usée jusqu’à la corde, on arrive à tout prévoir deux secondes avant que ça fuse, on repère les victimes futures (voire les coupables) au premier coup d’œil et on regarde la chose se faire sur des bons vieux rails rouillés et tordus. Pas d’idées de mise en scène pour tous ces assassinats, des personnages qui ont fait leur temps (on ne croit plus, par exemple, à l’ambition de Gale Weathers, ni au moral d’acier de Sidney Prescott), des personnages secondaires qui ne sont là que pour servir de chair à coutelas, on s’ennuie ferme y compris dans les moments gore (qui ne le sont d’ailleurs pas, gore, le film étant vraiment très frileux de ce côté-là). Restent quelques pointes d’humour parfois un peu senties (le gay persuadé qu’il ne mourra pas, puisque la mode est de ne pas tuer les gays) et quelques beaux restes théoriques (la thèse comme quoi la mode est aux remakes et non aux suites, qui donne quelques moments sympas). Craven, à force de regarder le genre évoluer, risque de ne plus en être acteur. C’est dommage : il a été grand, à une époque.

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