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2 mai 2011

Fatalité (Suspense) (1946) de Frank Tuttle

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La Monogram met les ptits plats dans les grands pour ce film noir aux décors fastueux (bien belle patinoire ma foi) engageant pour la peine Frank Tuttle à la mise en scène et le duo de stars (mouais, enfin faut pas exagérer non plus) Barry Sullivan (Tension, Cause for Alarm !, Jeopardy...) et Belita (Qui ? Mais si, rappelez-vous, les Jeux Olympiques de 1936, elle faisait du patinage artistique, elle avait douze ans... Nan, ça me dit rien moi...). L'histoire nous compte l'ascension du gars Barry qui, de simple petit vendeur de cacahuètes, aura l'opportunité d'accéder au poste du boss (responsable d'un mirobolant stand dans une fête foraine proposant des spectacles de patinage artistique dignes d'Holiday on Ice...)... avec au passage, forcément, une option sur la femme du boss, la fameuse Belita, grande star du show... Une trajectoire fulgurante avec son lot de personnages troubles qui rôdent (un boss qui "disparaît" (hum, hum) dans une avalanche, une ancienne amante qui pourrait bien faire payer le lourd passé du gars Barry...) et à mesure que le Barry gravit les échelons (et que monte sa paranoïa), cette impression qui nous gagne que plus dure sera la chute... Il est peut-être finalement plus question de "fatalité" que de réel "suspense", mais même si le récit n'est pas aussi tendu qu'un collant de patineur artistique, tout bon fan de film de genre devrait aisément se laisser embarquer par ce récit où la noirceur gagne progressivement du terrain...

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Barry est un ptit malin qui a les dents qui rayent la patinoire. A force de la jouer à l'esbroufe, il monte rapidement en grade au sein de la boîte tenue par Frank Leonard - le problème de Barry c'est qu'il ne sait pas où s'arrêter : il est possible de prendre le bureau du chef quand celui-ci est en déplacement, pour sa femme c'est une autre paire de manche... Barry fait du rentre-dedans à Belita et celle-ci ne cesse de souffler le chaud et le froid : serait bien tentée par ce jeune homme, mais son moustachu de mari risque de se mettre sacrément en pétard si jamais il l'apprend... Nos deux jeunes gens, animés par une évidente passion, se retrouvent comme deux lions dans une cage (la scène du zoo) semblant prendre leur mal en patience... Alors que Belita et son mari passent une petite semaine en amoureux à la montagne, Barry se pointe pour faire signer un papier important. Le mari l'accueille à bras ouverts, lui propose même de rester quelques jours pour leur tenir compagnie mais il n'est point dupe : Barry embrasse sa douce quand le vieux a le dos tourné, il ne sait point qu'il a déjà un pistolet sur la tempe (caustique petit plan qui joue avec la profondeur de champ, voir le photogramme ci-dessous...). Le problème quand on décide de tuer un mec d'un coup de fusil à la montagne, c'est de ne pas déclencher d'avalanche (dans les films, c'est incontournable)... C'est l'éternelle histoire de l'arroseur arrosé sauf que le Frank est plus résistant qu'une edelweiss... Même "mort", il pourrait bien continuer à pourrir la relation entre Barry et Belita...

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Tuttle est parfois à deux doigts de nous endormir avec ces longs morceaux de patinage artistique - et ces putana de chansons mexicaines, aïaïaïa... - (esthétiquement, il n'y a rien à redire (de joulis costumes, de joulis décors, de joulies chorégraphies)  et la Belita prouve qu'elle en a sous le patin, mais bon Dieu, on veut de l'action, nous, tout de même...), remettant le couvert à la moindre occasion - Belita en vacances à la montagne : tiens un lac gelé, je vais patiner... Heureusement, à mesure que le récit avance, l'ombre finit par gagner du terrain "sur la glace et la neige" (c'est un film noir, po un film blanc, soyons sérieux quand même) : les menaces qui pèsent sur notre jeune couple se font de plus en plus pressantes (un mari plus dangereux mort que vivant, une blondasse animée par la vengeance...) et Tuttle a la bonne idée de multiplier les séquences noyées dans la pénombre - superbe travail au passage de Karl Struss (The Great Dictator, pour n'en citer qu'un (ça sonne mieux que Tarzan and the leopard woman, certes)). Cette noirceur est à l'image de celle qui commence à envahir le cerveau de notre ami Barry, prêt à se débarrasser de tous ceux qui entravent son irrésistible ascension, Belita compris... Un face à face avec la mort aura lieu sur la glace (les producteurs ont tout de même réussi à chourer une toile peinte de Spellbound...) ou comme bien souvent... dans de simples escaliers. Le film possède une évidente petite pointe d'originalité (l'idée du patinage artistique, indéniablement, tout comme celle de ce héros, finalement assez ambigu - quelle est vraiment sa came : l'amour ou l'ambition...?), quelques séquences "à l'encre de chine" visuellement marquantes (l'apparition du mari de Belita dans le bureau de Barry dont on ne voit que la fumée de la pipe - belle idée également que celle d'enchaîner directement avec cette montée des marches de Belita ultra dramatique), manque peut-être juste d'un soupçon... de suspense, justement.

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Noir c'est noir, c'est

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