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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
18 mars 2020

Le Champion (Champion) (1949) de Mark Robson

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Voilà un film sur un boxeur, son ambition, sa foi, sa détermination, sa violence, son manque de conscience, son charme, qui peut vous permettre de balancer au clou sans regret votre vieille VHS de Rocky ou votre récent téléchargement du bien fade The Fighter. Kirk Douglas, éblouissant de hargne ou d'arrogance, porte le film sur ses larges épaules : parti de rien, il a la chance de parvenir aux sommets - seulement comme les ailes d'Icare au soleil, les gants de boxe peuvent fondre si on les laisse trop longtemps sur un radiateur (ah ? et donc ? - euh nan, c'est juste un parallèle) et notre Kirk qui a toujours su mener sa barque en parfait égoïste pourrait bien tomber de haut - ou non. L’œuvre de Robson reste fidèle à son titre et nous narre par le menu les différentes étapes de cette success story. Ce qui lui donne tout son sens, c'est que derrière la belle histoire, Douglas, pour arriver au top, a dû opérer certains choix personnels qui ne furent point toujours glorieux - autant de petits écarts dont il risque d'avoir à payer la note en toute fin...

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Kirk est un vrai fighter ; après un premier combat sur le ring sur lequel il s'est retrouvé un poil par hasard (combat où il s'est battu comme un lion pour 10 pauvres dollars) et un mariage avec la brune et jeune Emma (Ruth Roman, des yeux de feu) - il l'a embrassée et s'est retrouvé avec le gun du père sur la tempe pour le forcer à l'épouser (une ambiance au mariage, je vous raconte po) -, Kirk décide de faire enfin quelque chose de sa vie. Il se lance à donf dans la boxe comme moi dans la neige (juste pour faire une roulade, ça va pas plus loin pour moi) et ne va pas tarder à cueillir le fruit de son travail, enchaînant victoire sur victoire. Seules petites ombres au tableau, le Kirk, une fois en vue du sommet, n'est pas du genre à rester fidèle aux personnes qui l'ont toujours soutenu : sa "femme" est depuis longtemps oubliée, son manager (qu'il trahit en plus au passage, oubliant certains "arrangements"), il s'en sépare à la première belle opportunité, et même avec son frère, son seul véritable pote, il va parvenir au clash... Kirk met de côté les anciens partenaires de ses années sombres pour flasher sur deux blondes, l'une qui lui présente son nouvel agent (Marilyn Maxwell, belle plante), l'autre (Lola Albright, du chien) qui se trouve être justement la femme de ce dernier. Le sourire carnassier de Kirk va les séduire l'une après l'autre (magnifique séquence que celle où il fait péter son torse nu puis fait montre de sa suffisance (toi, je t'ai quand je veux baby) devant la chtite Lola, sculptrice de son état) ; un véritable coureur de jupons qui va perdre son souffle à ce petit jeu ? Pas vraiment, pour le Kirk, entre sa carrière de boxeur et son entourage, c'est encore celle-là qui prime et les deux tourterelles en auront pour leur frais.

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Une vie privée où notre Kirk donne des coups de serpes saignants pour rompre les attaches, tout comme ceux qu'il distribue sur le ring : il en donne avec hargne, avec toute son énergie, ses rêves de gloire et les acclamations du publics le poussant à se dépasser. Seulement un mur, aussi solide qu'il soit, peut facilement s'écrouler s'il n'a plus de fondation, de soutien. Robson nous gratifie d'un ultime combat dantesque durant lequel Kirk va aller jusqu'au bout de ses réserves... Douglas livre une interprétation d'une belle intensité, Dimitri Tiomkin une partition des plus inspirées, Franz Planner un noir et blanc (celui-ci ayant tendance à bouffer celui-là) de toute beauté (magnifique séquence tout en ombre chinoise lorsque Ruth et Kirk se retrouvent au départ sur la plage ainsi que celle sur la fin qui continue de jouer avec les ombres lorsque nos deux personnages se retrouvent face à face), et on apprécie pleinement cette trajectoire fulgurante, ce véritable rêve américain du type parti de rien qui pourrait bien finir par flirter avec le cauchemar : c'est justement ce qu'on aime dans les films noirs, après les grandes envolées, il faut toujours faire attention à l’atterrissage...   (Shang - 25/04/11)

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Un film pas inintéressant, certes, mais qui passe à côté de tout ce qui pourrait le rendre génial, et c'est bien dommage. L'ambivalence du personnage de Kirk fait vraiment tout l'intérêt du film, franchement, et ne serait son jeu, certes basique mais hyper efficace, ne seraient sa photogénie légendaire et son torse avantageux, Le Champion ne serait qu'un film un peu raté sur la boxe. Raté parce que, à l'exception du combat final, enfin un peu senti, on ne ressent jamais la dramaturgie extraordinaire de ce sport, on n'a jamais d'exemple de son aspect spectaculaire, violent, mythique. L'ascension et la chute du personnage intéresse beaucoup plus Robson que le sport en lui-même, et le film pourrait tout aussi bien se passer dans les milieux de la lutte gréco-romaine, tant la boxe y est mal représentée. En fait, ce sont plutôt les aspects extérieurs de la boxe qui sont représentés : la déification des corps (je ne sais rien de ce Robson, mais saurez-vous deviner son obédience sexuelle rien qu'en regardant la scène où Douglas se fait faire une statue ?), le fric qui circule, les coups de gueule entre concurrents, le glamour, les salles d'entrainement qui puent la sueur, ce genre de chose. Rocky, quoi qu'en dise mon camarade, est loin devant de ce point de vue-là.

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Malgré tout, oui, du côté du scénar noir et du personnage central, la satisfaction est totale. D'abord parce que Robson fait tout pour nous faire aimer ce brave plouc devenant peu à peu champion du monde, pour mieux nous retourner comme des crêpes dans la dernière partie où il cède à des sentiments peu glorieux ; ensuite parce que c'est Kirk, alors débutant, et que son aspect plastique, l'idôlatrie du regard que Robson pose sur lui par le biais de ses actrices, sont le leurre parfait pour laisser son ambiguïté s'épanouir. Au niveau de la mise en scène, le film promet au départ, avec ce splendide flash-back d'ouverture, mais elle déçoit par la suite, presque un peu fonctionnelle si on oublie ce noir et blanc effectivement superbe. Ne crachons pas dans la soupe outre mesure : on ne s'ennuie pas là-dedans, malgré le classicisme de la chose, et on regarde le Kirk s'ébattre dans le film comme un poisson dans l'eau avec plaisir.   (Gols - 18/03/20)

Noir c'est noir, c'est

Commentaires
A
Sacrée Golette... trop occupé à encenser du Stallone, de l'Eastbroute ou du Godouillard, il passe régulièrement à côté de joyaux tels que celui-ci. <br /> <br /> Quelle tristesse que de lire ça, en ces temps de baraquement où on a pile-poil besoin d'un bon coup de baume de la part de la rédac.<br /> <br /> Reucky, le top of ze top of ze genre ??! Ha ha ha ha ! Laissez-moi me tirebouchonner !!!!
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