Qui sait ? (1999) de Nicolas Philibert
Philibert plante sa caméra dans les locaux - provisoires - du Théâtre National de Strasbourg, juste le temps d'une nuit, alors qu'une quinzaine d'élèves sont amenés à réfléchir à un spectacle sur la ville elle-même. Partant simplement d'une "enquête" que chacun a effectuée en ville sur une idée, un thème précis (les cigognes, la bouffe, la découverte d'un quartier...), ils tentent tant bien que mal, ensemble, de définir la forme générale du spectacle - discussions infinies... - ou de mettre en scène une séquence avec trois bout de ficelle et une poignée de personnages qui laisse une grande place à l'improvisation. Le résultat est un peu laborieux, longuet, même si ici ou là on assiste, en creux, à une véritable réflexion sur leur travail (la difficulté de créer sans texte ni metteur en scène, comment définir exactement ce qu'est un personnage de théâtre, l'impact d'une pièce sur les spectateurs...) ; entre deux discussions où il est bien difficile de mettre tout le monde d'accord, on assiste donc à des saynètes improvisées qui font, au mieux, sourire - le sportif sur le toit de la cathédrale, le tableau final de l'horloge animée avec le sculpteur -, à une séquence de "cirque de base" - comme une réelle mise en abyme de leur difficulté à construire quelque chose ensemble (de petites "pyramides humaines" qui ont bien du mal a tenir debout) - , ou à de petits numéros de chants (sûrement les instants les plus "aboutis", maîtrisés et où, malgré les voix "discordantes", chacun parvient à "jouer" ensemble). Il faut prendre l'objet tel qu'il est et pour ce qu'il est, autrement dit comme un véritable "work in progress" : l'idée de départ est plutôt bonne, dommage que le résultat ne soit, lui, pas plus passionnant que cela - on assiste d'ailleurs plus à des "remises en cause", à des critiques (comme si la motivation initiale de la plupart des comédiens en herbe sur ce projet était loin d'être au top - certains sont totalement muets tout du long et semblent regretter de faire l'impasse sur une bonne nuit de sommeil...) qu'à des réflexions véritablement constructives. Qui sait ? Ben po eux en tout cas (Rah, j'suis un peu dur)...