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14 avril 2011

Le Maître de Guerre (Heartbreak Ridge) de Clint Eastwood - 1986

vlcsnap_2011_04_13_19h29m03s183Un Clint à la mauvaise réputation pas forcément usurpée, mais qui est loin quand même d'être le désastre annoncé. C'est un peu décevant, je le reconnais, de voir le bougre revenir au film d'action à la con, mais après tout, il y a une audace assez classe de tenter ainsi la déception de ses spectateurs bobos, et de revenir à ce cinéma pour les p'tits jeunes qui représente toute une part de son travail finalement. En plus, on retrouve là-dedans quelques grands thèmes eastwoodiens, et une tendance à l'auto-critique (on parle souvent de masochisme à propos d'Eastwood, on est en plein dedans) qui ont leur charme.

Clint interprète un vieux de la vieille de la virilité militaire, un de ceux qui ont fait toutes les guerres récentes et en sont revenus la peau tanée, le corps couvert de cicatrices, le verbe vert et la légende à la hausse. Il est engagé, à quelques ans de la retraite, pour entraîner une section de Marines qui part en sucette. Il va bien entendu vous redresser ça en moins de deux, à grand coups de mandales, d'humiliations et de froncements de sourcils féroces, et faire de ces lavettes parfumées des hommes, des vrais nom d'dieu. Je confirme : c'est con. Et le film ne se prive pas de s'enfoncer dans une conception très binaire de l'existence humaine, vlcsnap_2011_04_13_21h45m38s207où tout est bien soigneusement séparé en deux camps : les hommes (patriotes) et les femmes (désabusées), les mecs (buveurs de bière et tatoués) et les tafioles, les bons (les Américains) et les méchants (tous les autres), les chefs (obtus) et les hommes de terrain (qui ont des couilles). Ca laisse songeur, oui, mais on comprend (ou on espère ?) assez vite que cette vision réac de la vie n'est là que pour mettre en valeur l'ambivalence du discours de Clint. Lui qui a su aussi bien jouer des flics de droite (Harry) que des rebelles (Honkytonk Man) fait ici son premier bilan officiel à mi-chemin de sa carrière : son personnage est un bourrin aux idées binaires, mais le réalisateur le regarde avec des yeux assez caustiques : ce "maître de guerre n'est plus du tout adapté aux moeurs du moment (il traite un jeune mec de "hippie" et l'autre lui rétorque, ébahi : "putain, mais y a plus de hippies depuis 15 ans... T'as été en prison ?"), complètement largué par rapport aux jeunes, aux femmes (cette bonne idée de le voir potasser des magazines de psychologie à deux balles pour récupérer son ex), et même aux nouveaux bureaucrates militaires (personnage pour le coup assez nuancé du sous-off rompu à toutes les tactiques et perdu sur le terrain).

vlcsnap_2011_04_13_19h10m18s193C'est la première fois que le mot de "retraite" est prononcé dans un Clint, et ce film est le premier de la longue série des oeuvres qui travaillent, souvent ironiquement, sur le vieillissement de l'acteur, vieillissement aussi bien physique que moral. Techniquement très insuffisant (les acteurs nuls, le scénario déséquilibré et attendu, la poussivité des scènes d'action), Heartbreak Ridge recèle quelques vrais moments mélancoliques qui lui donnent un aspect sympathique. Une sorte de premier pas vers le clair-obscur de ses prochains grands films (d'ailleurs la photo est vraiment belle), qui cultive une ironie parfois intéressante. Et puis, si on accepte le premier degré et les vannes basses du bulbe, on apprécie la verdeur des dialogues et le jeu toujours rigolo de notre Clint qui grogne et fait la gueule avec un plaisir communicatif. Alors, oui, on n'est pas si éloigné que ça d'un bon vieux Stallone ; mais il y a ce soupçon de second niveau de lecture qui fait que, finalement, c'est un film assez aimable.

All Clint is good, here

Commentaires
O
J'ai regardé ce film pour ce qu'il est : un nanar (avec toute la dimension affective du terme). Hormis les dialogues, il n'y a pas grand chose à sauver. La VF est dégueulasse (plus que d'habitude, dirons-nous), la morale douteuse et Van Peebles insupportable de cabotinage. Un condensé de ce que les années 80 ont pu produire de plus mauvais. Un sous "Full Metal Jacket". Plutôt d'accord avec la chronique in fine !
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