Stereo de David Cronenberg - 1969
Sur ce coup-là, je ne vais pas suivre les délires mystico-sexuels de Cronenberg. Stereo m'est tout simplement tombé des yeux, tant il est vrai qu'on comprend en gros le principe en 5 minutes mais qu'il faut quand même se fader encore une heure fumeuse et ennuyeuse. Il s'agit d'une sorte d'essai pseudo-scientifique qui prend des allures de quasi-documentaire pour mieux pratiquer une sorte d'agit-prop bon enfant : on nous dévoile d'une voix sépulcrale le résultat des travaux d'un certain Dr Stringfellow, spécialiste de la télépathie, et qui a enfermé quelques cobayes dans une résidence pour leur triturer le cerveau et observer les résultats. Tout "l'intérêt" du film est de montrer, sur ces réflexions théoriques hyper-complexes et sérieuses, des scènes complètement banales. On y voit des êtres baisouiller gentiment, sucer des tétines pour bébés en rigolant, se droguer avec enthousiasme, et s'ennuyer aussi un peu fermement. Critique, donc, du langage scientifique, de la philosophie, du trop grand sérieux théorique, opposés à la trivialité des êtres humains. A l'image, il n'est jamais question de télépathie ou de travaux médicaux, mais juste d'une bande de jeunes qui s'éclatent (une claque contre les hippies de l'époque ?) en se livrant à des cérémonials fumeux : on peut y voir, aussi, peut-être, une attaque contre les sectes qui se drapent dans de grandes théories pour mieux pratiquer la sexualité débridée et l'empafage de neurones à moindre prix.
Le souci, c'est que, comme je le disais, on comprend dès les premières minutes que ce film faussement intello est en fait une potacherie (la définition de l'humour, chez Cronenberg, étant souvent assez fluctuante), et que le cinéaste n'a rien d'autre à raconter. Aussi, à part le sens du cadre indéniable, le très joli noir et blanc contrasté, et l'usage très souple de la caméra lors des travellings avant, bref à part l'esthétique du film, on n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Les filles sont girondes et peu vêtues, c'est déjà ça me direz-vous ; oui, mais j'aurais apprécié que ce film soit un peu plus qu'une satisfaction pour l’œil. On mettra ça sur le compte de la jeunesse de Cronenberg (c'est son premier film), et on oubliera cet essai... oubliable.