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24 mars 2011

Crime et Châtiment (Crime and Punishment) (1935) de Josef von Sternberg

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Est-ce parce qu'il venait de se faire lourder par la Marlène ? Est-ce par ce qu'il s'agissait d'une simple commande des studios qui ne lui disait rien ? Est-ce parce qu'il avait un budget de deux dollars et demi pour faire les décors ? Est-ce tout simplement parce que le scénar d'après le chef-d'oeuvre de Dostoïevski était naze ? Toujours est-il que l'on s'ennuie de bout en bout, que les acteurs semblent totalement en free-lance (incarnant, qui plus est, des personnages qui d'une scène à l'autre changent totalement de caractère - la soeur, en particulier, qui adore son frère, puis le lâche salement puis se remet à l'adorer...) et que l'ensemble semble bien constituer l'un des premiers gros ratages dans la carrière de l'ami Josef. On se dit pourtant qu'au départ, confier le rôle de Raskolnikov à Peter Lorre n'est pas une mauvaise idée en soi - un meurtrier, vous allez me dire, c'est son rayon, oui mais bon, ce n'est tout de même plus ici les petites filles mais une seule dame âgée... et chieuse... - et l'on découvre (joli premier plan quand il sort de l'ombre... c'est presque le seul qu'on aurait envie de garder sans être méchant) un chtit Peter les cheveux presque tondus comme s'il sortait du service militaire, tout frêle, avec ce timbre de voix doucereux si particulier. Le gros problème c'est qu'on ne peut point dire qu'au niveau du jeu, d'une séquence à l'autre, on fasse vraiment dans la dentelle au niveau de l'évolution de ses réactions : la gentillesse, puis la sauvagerie du meurtre, jusque là ok, puis la panique, puis tiens, la nonchalance, puis re la panique, puis à nouveau le détachement, puis l'effroi... Ouh là, on commencerait presque à croire que c'est monté tout de traviole...

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Sternberg n'y va en plus pas de main de morte pour montrer que le Peter sue sang et eau : on se coltine de soudains gros plans assez ingrats sur la pauvre tronche d'un Raskolnikov qui semble avoir tout juste terminé un marathon (aussi finaud qu'un De Funès en sueur). On connaît pourtant le talent du gars mais il est clair que rien n'est vraiment fait pour donner une quelconque ombre de mystère à son personnage torturé... Dans le rôle de sa conscience (même si cela n'est pas forcément ultra cinégénique, une conscience, il y avait d'autres moyens moins lourdingues pour montrer la tourmente de son âme), il y a donc un inspecteur qu'il ne cesse d'avoir sur le dos pour le titiller : toute la subtilité de l'oeuvre de Dostoïevski, l'affreuse et insidieuse torture mentale du personnage, se retrouve ainsi "grossièrement" traitée. Sternberg ne fait guère plus d'effort pour mettre en scène les séquences avec plus de deux personnages - ils sont cinq, ben mettons-les tous face caméra : ça tient dans le cadre et en plus on a po besoin de la déplacer - autant d'effets théâtraux de base que vient renforcer, notamment sur la toute fin, une dramatisation excessive dans le jeu (la fille et la mère totalement hystériques, le Peter les yeux ronds comme des boules comme si on était toujours à l'ère du muet...): on a presque l'impression que Sternberg, arrivé en fin de tournage, se fait un malin plaisir à saborder totalement le bazar. Un assassinat en bonne et due forme de ce grand classique, un véritable châtiment... pour le spectateur. Oublions vite.

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