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18 mars 2011

Anémone de Philippe Garrel - 1966

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Le premier film de Garrel était intense, son deuxième sera prétentieux : en deux films, voilà résumée l'histoire de la carrière du Phil, qui gave ou enchante tour à tour. Ici, il gave. Finie l'urgence et la fougue de la jeunesse : maintenant le cinéaste veut faire dans le portrait politisé, dans la lutte des classes, dans la distanciation brechtienne, pas moins. Il choisit pour ce faire la toute jeune Anémone, 16 ans à l'époque, pour, à travers elle, tenter le portrait en coupe d'une fille de bourgeois tentée par le terrorisme et la vie qui va vite. Le film égrène les vignettes pour nous faire comprendre la chose : d'un côté le poids paternel, représenté par Garrel père, psychanalyste trop intellectuel, trop présent, qui gave sa fille de miel et de discussions raffinées ; de l'autre la tentation du bonheur, endossée par le petit ami, muet et cassant, romantique et révolté. Notre jeune fille gentille est regardée dans ses tentatives (et ses échecs) de se faire comprendre de l'un et de l'autre, à travers des monologues introspectifs abscons.

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Pourquoi pas ? Mais Garrel veut bien montrer à son public que le personnage principal de son film, ce n'est pas Anémone, mais lui-même, c'est-à-dire le cinéaste torturé trop concerné par le mal de vivre t'vois ; et puis il veut aussi dire que le cinéma, c'est trop limité, quoi, et que le spectateur est bien trop crédule. Alors il passe son temps à montrer la fabrication du film en même temps que le film lui-même, se mettant en avant de façon lourde et didactique. Si certaines scènes sont plutôt rigolotes tant elles sont prétentieuses (le garçon qui dessine le plan d'un casse sur le mur avec le sang des poignets qu'il vient de se trancher, au secours), si certains plans un peu plus simples parviennent à toucher (la première relation sexuelle découpée en chapitres), si parfois on sent déjà là un vrai metteur en scène (le long travelling derrière la grille d'un jardin public, qui donne l'impression de la pellicule en train de défiler dans le projecteur), l'ensemble n'en est pas moins affligeant. C'est cette posture d'ado rebelle qui agace, cette volonté constante de nous regarder de haut, ce petit côté "vous pouvez pas comprendre". On sent déjà les portraits de femme futurs, avec Seberg, avec Nico, qui ont donné les pires films de Garrel. Heureusement que Anémone (la comédienne, pas le film) a déjà suffisamment de charme et de simplicité pour contrebalancer cette emphase. Sans elle, on aurait été dans le désastre total.

Garrel soûle ou envoûte ici

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