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2 mars 2011

La Blonde platine (Platinum Blonde) (1931) de Frank Capra

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Une screw-ball comedy relativement précoce signée du grand Capra qui bénéficie d'un trio d'acteurs "épatants" (faut savoir parfois varier ses adjectifs): Jean Harlow en petite bourgeoise sexy en diable - avec deux trois séquences pré code Hays chargées atomiquement, au niveau de l'érotisme (cette façon de tripoter les cravates, tout de même, so shocking...)) - une Loretta Young en girl next door absolument craquante, et surtout ce jeune acteur Robert Williams (il est mort juste après, forcément ça coupe une carrière...) qui fait preuve quelles ques soient les circonstances d'une décontraction à toute épreuve - il est comme un poisson dans l'eau dans cette oeuvre de Capra et son jeu ultra-naturel, notamment avec ses deux partenaires féminines, est pour beaucoup dans l'impression de fraîcheur et de légèreté transmise par cette oeuvre. L'intrigue est un peu cousue de fil blanc - notre jeune journaliste grand camarade de Loretta s'éprend de Jean : ils se marient et on se doute dès le départ que, malgré l'immensité de la demeure, notre jeune homme ne devrait pas tarder à se sentir à l'étroit dans ce carcan social (la thématique du "bird in a golden cage" étant déclinée à l'envi); la jeune Loretta n'a plus qu'à attendre son heure - mais on ne s'ennuie point à suivre les pérégrinations de notre jeune homme dans ce monde où il ne pourra jamais se sentir à l'aise. Comme Capra n'est jamais le dernier pour chercher à dynamiser ses séquences, on sort de là plutôt réjoui par l'expérience.

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Lorsque le premier journaliste (qui sera suivi, juste après, par un second, Robert Williams - ils viennent pour avoir des détails sur des lettres d'amour écrites par le garçon de la famille à une jeune femme apparemment guère fréquentable) pénètre dans la salle principale des Schuyler, on a droit à un petit plan en plongée sur la salle, une salle qui prend des dimensions de cathédrale. Si celui-là sera facile à convaincre, à "écraser" (un petit biffeton et hop, la rumeur est tuée dans l'oeuf), celui-ci, notre Robert (dont l'entrée est d'ailleurs, elle, filmée à "hauteur d'homme") semble beaucoup moins impressionné, à la fois par les lieux et par ces gens de la "haute". Le coup du biffeton s'avérant vain, Jean Harlow, la jeune Anne Schuyler, tente le tout pour le tout et se lance dans une séquence de "rentre-dedans" hallucinante pour séduire le jeune homme. Robert sera séduit, clair, mais ne lâchera pas pour autant l'affaire vis-à-vis de son journal - éthique, le gars. Il saura ensuite se rattraper (il récupère les lettres écrites pour mettre fin à tout chantage) pour pouvoir fréquenter à nouveau la Jean (Capra nous sert un travelling arrière de toute beauté, lors de la seconde entrée de Robert dans cette demeure : suivant, dans ce dédale de pièces, la blonde Jean, il passe son temps à raconter des craques qui font sourire la Belle (malicieuse "entrée en matière")). La Blonde platine ne tardera point, évidemment, à tomber à son tour sous le charme de ce jeune homme sans complexe (jolie petite scène filmée derrière une fontaine et une vitre où les deux amants s'embrassant "se fondent" pratiquement l'un dans l'autre).

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L'oiseau est dans la cage et même s'il n'est point insensible aux douces paroles, aux caresses et aux baisers mutins de la Belle (notre couple se lance dans une petite chanson pour exprimer chacun ses remontrances et tenter de convaincre l'autre - à se demander jusqu'à quel point la scène n'est pas improvisée tant les deux acteurs sont d'un naturel confondant - un baiser clôt la scène alors que les deux s'allongent sur le lit conjugal), Robert a bien du mal à trouver "sa place" ; il parvient certes à gérer au mieux la belle-famille mais les réceptions qui s’enchaînent, ce valet omniprésent à son chevet, son évidente solitude (coupé de ses potes et de la chtite Loretta ; il est filmé en plongée, errant dans une salle immense s'amusant (moyen) avec un domestique à entendre l'écho de leur voix) vont rapidement devenir pesants. Il reste, qui plus est, toujours aussi "sec" quand il s'agit de se lancer dans l'écriture d'une pièce de théâtre (toujours avortée après "Acte I scène 1 une rue de...") et seule la muse Loretta pourra l'aider à lui mettre le pied à l'étrier. De la source d'inspiration à l'inspiration de l'amour, il n'y a qu'un pas qu'il va allègrement franchir...

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Des séquences d'amour pétillantes, des plans magnifiquement mis en scène (entre autres, celui où Robert et Loretta, au cours d'une soirée chez les Schuyler, se retrouvent en bons camarades dans le jardin alors que la Jean, les surplombant, les observe : Robert a décroché la lune en se mariant avec Jean mais son trip est finalement beaucoup plus terre-à-terre...), un montage d'une efficacité redoutable (Capra aime à découper ses séquences à loisir pour leur donner du peps) et une oeuvre, un peu oubliée dans la filmo de Capra, qui finit indéniablement par séduire. Newspapermen don't prefer blondes, c'est un fait démontré...

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