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26 février 2011

Le Carrefour de la Mort (Kiss of Death) (1947) de Henry Hathaway

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Un polar de Hathaway qui n'a pas dû déplaire en son temps au gars Melville, le cinéaste aimant à jouer aussi bien des silences que des ellipses (bon c'est vrai que d'un autre côté, filmer un type en temps réel pendant 3 ans dans une prison, cela pourrait rapidement lasser... je suis d'humeur auto-taquine). Un somptueux noir et blanc et surtout une grande performance, pour sa toute première apparition, de Richard Widmark en assassin sadique (pour prendre le soin d'attacher une handicapée - de peur qu'elle ne s'enfuit (!?) - sur son fauteuil roulant, faut déjà être un peu secoué du cerveau ; ensuite pour la balancer dans les escaliers en gardant sur la face un petit sourire à la Joker, faut être un grand grand malade). Face à lui, Victor Mature fait figure forcément de très gentil malfrat (on finit même se demander comment un type aussi paisible a pu un jour braquer une bijouterie... bon c'est vrai que d'un autre côté il ne pouvait pas bénéficier du RSA...) et forme un couple mignon tout plein avec la chtite Coleen Gray, toute jeunette (ah ouais 25 ans quand même, je lui en donnais 16 personnellement...). Un film comme on dit "qui file droit" - pas de flash-back et l'impression que le destin de Mature est déjà écrit d'avance -, le simple parcours d'un homme victime pris en flag (c'est jamais un bon plan de s'enfuir en prenant un ascenseur, une bonne leçon à retenir) qui finit par s'engager sur la voie de la rédemption. Mais il y a forcément un prix à payer...

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Mature a deux gamines, est chômeur, quoi de plus de normal que de se braquer une chtite bijouterie ? Gros problème de jugeotte, tout de même, dans la conception du plan pour s'enfuir : prendre un ascenseur, du 24ème étage, qui s'arrête forcément toutes les deux secondes, on a vu plus efficace pour disparaitre rapidos... Notre pauvre Victor se fait bêtement cueillir pratiquement à la sortie de la cabine, le bijoutier braqué ayant eu le temps, pendant cette lente et longue descente aux enfers de notre Victor (la ptite goutte du sueur qui coule...), d'activer l'alarme. On lui propose d'entrée de jeu un deal : s'il livre ses partenaires, sa peine sera forcément allégée... Autant essayer de faire parler une carpe, Victor Mature ne mange po de ce pain : plutôt crever que de faire la balance... Le temps passe et notre Victor, prisonnier modèle, d'apprendre une terrible nouvelle : sa femme s'est suicidée au gaz (bonjour la facture) après avoir apparemment fricoté avec l'un de ses anciens associés. Bon ben puisque c'est ça, se dit notre Victor, autant tout balancer... Seulement en trois ans, les conditions ont changé et le procureur de se montrer plutôt gourmand ; en plus de ses anciens compagnons d'armes, il devra faire plonger un autre homme - l'ignoble Richard. Si les flics sont assez malins pour que personne ne soupçonne qu'il a dénoncé ses partenaires, ils sont en revanche un peu con-con en le faisant témoigner lors du procès de Richard, le Richard ne se retrouvant, qui plus est, même po condamné (!)... Je vous dis même po les boules qu'il peut avoir, le Mature, il imagine déjà ses deux chtites gamines se faisant empailler...

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Un récit sec comme un coup de trique et un héros qui, avouons-le, n'est pas vraiment un déconneur né : même quand il finit par embrasser la chtite Coleen, tendre comme du bon pain, il continue de serrer les dents. Il n'est déjà pas du genre à se dérider facilement, vous pouvez imaginer sa tronche quand il apprend que le Richard et son petit air sadique sont relâchés : il reste au lit le flingue sous la main, chaque petit bruit est une menace, chaque phare de bagnole un cauchemar (terrible plan que celui sur ce couple "minuscule" qui semble perdu au fond du salon alors qu'ils sont pris dans le faisceau de lumière d'une voiture : deux pauvres petits moucherons effrayés). Bref, c'était presque plus cool en prison. Mais notre Victor garde quand même tout son sang froid et monte un plan diaboliquement dangereux pour faire tomber Widmark. On repense soudainement au titre français et on serre forcément les fesses... Richard Widmark vole un peu la vedette à Victor Mature bien qu'il n'ait qu'un second rôle ; son regard du tueur fou et ses petits rires nerveux font des ravages et on se régale réellement à chacune de ses apparitions. Le père Hathaway livre là une oeuvre solide, manichéenne à mort certes (le bon qui coopère et balance ses potes, le méchant qui opère et balance la grand-mère... dans les escaliers) superbement photographiée  (joli jeu sur le contraste notamment lors de cette séquence dans l'orphelinat avec des noirs et des blancs très tranchés : Mature a enclenché le processus de la rédemption, de l'ombre des barreaux à la promesse d'une lumineuse petite vie paisible), et d'une très belle sobriété. Un espresso bien tassé.

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