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20 février 2011

Changer d'Image ou Lettre à la Bien-aimée de Jean-Luc Godard - 1982

vlcsnap_2011_02_20_19h57m25s221Pas le plus clair des Godard, c'est vrai, même s'il est assez représentatif d'une certaine tendance du maître suisse : la colère, le renoncement, et cette application constante à détourner les commandes qui lui sont faites ; en l'occurrence, même, à saboter la commande, produisant un objet qui parle de l'échec du projet. Au départ, d'après ce qu'on comprend, il y a donc une demande de la télé de réaliser un film portant sur le "changement d'image". D'entrée de jeu, JLG prévient : il n'y est pas arrivé, et ce pour trois raisons : d'abord parce que l'analyse et la réflexion cinématographiques lui semblent trop cantonnées au sacro-saint texte, l'image ne trouvant jamais son importance ; dans ces conditions, difficile de proposer au public une "image de changement" qu'il puisse saisir. Ensuite, il développe sa théorie comme quoi "il n'y a pas d'images, mais il y a quelque chose entre les images", quelque chose d'invisible, de magique même pourrait-on dire, impossible là aussi à saisir. Enfin, le fait que la commande vienne de la télé lui semble rédhibitoire, et il ne cesse d'ailleurs de pester contre elle (le film commence par un dérisoire "9 minutes trente secondes", et Godard pointe le fait qu'on lui avait promis 12 minutes, et qu'on lui a volé 2mn30).

vlcsnap_2011_02_20_20h00m36s83A côté de cette colère un peu brouillonne qui confine au cynisme et à la mauvaise foi (passer tout un film à dire qu'on ne peut pas faire de film est un peu fort de café tout de même), il y a quelques moments vraiment touchants, comme cette théorie : tout acte de création serait une déclaration d'amour à la bien-aimée, y compris les textes de Marx et Engels. Quand on sait le trouble amoureux dans lequel était Godard dans ces années-là (et qui éclate dans Passion), c'est une confession émouvante. Et puis, il y a aussi cette reconnaissance de son propre masochisme, qu'on n'attendait vraiment pas aussi clairement montré : une longue scène montre Godard ligoté sur une chaise et se ramassant des baffes monstrueuses par un tortionnaire. Une séquence impressionnante de violence et qui en dit beaucoup sur l'image que JLG a de lui-même à cette époque.

Pour le reste, c'est vrai qu'on est un peu largué devant ce long plan fixe du maître devant un écran blanc, ou ces soudains fondus enchaînés sur des façades de maison, devant ces voix off qui s'enchevêtrent ou ces considérations sibyllines énoncées avec une voix d'outre-tombe. Changer d'Image est une parenthèse introspective entre deux grands films de Godard (Passion et Prénom Carmen), et qui annonce déjà le retrait désabusé d'aujourd'hui.

 God-Art, le culte : clique

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