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20 février 2011

Appelez Nord 777 (Call Northside 777) de Henry Hathaway - 1948

vlcsnap_2011_02_20_18h33m22s219Un film noir rigoureux, qui ne se démarque peut-être pas énormément de ses collègues du genre, mais doté d'une forme solide et d'acteurs impeccables. James Stewart joue avec énormément de subtilité un journaliste placé sur une affaire de meurtre de flic ayant eu lieu 11 ans plus tôt ; un p'tit jeune, à l'époque, avait été identifié par un témoin, affaire classée, le gars ronge son frein en prison ; mais Stewart est peu à peu convaincu de l'innocence du gars, et va tout faire pour la prouver et déclencher une nouvelle audience. Le plus beau dans le personnage de Stewart, c'est cette morgue très antipathique qu'il déploie au début : la condescendance dont il fait preuve face aux miséreux impliqués dans l'affaire, son assurance et ses crâneries le rendent négatif, et Stewart semble s'amuser beaucoup à se faire détester, adoptant une diction très lente, des mouvements à l'économie pour mieux déveloper dans le calme cet aspect précieux et nouveau de son jeu. Dommage que, dans la première moitié en tout cas, Hathaway lui donne peu d'occasion de développer ça, multipliant les scènes dialoguées un peu laborieuse et plates, Stewart de dos en amorce, et son interlocuteur en face le regardant. Amusant d'ailleurs de voir que Stewart se rebelle à 3 ou 4 reprises contre cette mise en scène platounette qui l'efface, en se tournant sans raison vers la caméra comme pour qu'on puisse voir son bon profil, histoire d'exister un peu dans ces scènes. Complicité avec le public ou excès de coquetterie ? Sûrement un peu des deux.

vlcsnap_2011_02_20_18h25m47s31Le parcours du personnage, de la morgue à l'émoton, de la conviction de la cupabilité de l'accusé jusqu'à celle de son innocence, épouse joliment les ambiances du film, qui sont comme inversées par rapport à lui. La première partie se déroule dans la blancheur hygiénique de la prison, dans la clarté du jour et l'énergie de la rédaction ; la seconde s'enfonce dans les bas-fonds de la ville, découpe des ombres tranchées et inquiétantes sur le grand corps de Stewart, et devient presque angoissante dans ses brusques éclairages qui trouent les ténèbres et la misère. Deuxième moitié plus réussie aussi au niveau de la trame, qui prend enfin de l'ampleur alors que la première mettait du temps à aborder les choses. Ceci dit, la beauté du film ne réside pas vraiment dans sa trame, mais plutôt dans l'aspect quasi-documentaire qu'il prend parfois : Hathaway met beaucoup de soin à nous décrire le fonctionnement de la justice, par exemple, dans une séquence très précise sur l'utilisation du détecteur de mensonge (sa description prend plus de temps que son utilisation elle-même, et la caméra semble fascinée par ces aiguilles et ce protocole d'interrogatoire qui y sont attachés) ; ou pour montrer une prison dans toutes ses dimensions, avec ce décor presque futuriste de prison en rond, cellules s'enchaînant à l'infini ; ou encore pour nous montrer comment travaillent les journaux, avec ces cadres sur des presses qui tournent ou des photos qu'on agrandit, et ces enquêtes minutieuses et compliquées. Le film y gagne en véracité et en crédibilité. Très bon moment, oui.

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