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16 février 2011

En Marge de l’Enquête (Dead Reckoning) (1947) de John Cromwell

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Un film noir qui se plaît à brouiller sans cesse les pistes mais, parfois, "qui trop embrasse mal étreint" et, malgré le plaisir indéniable que l'on prend à suivre cette intrigue, les multiples rebondissements tendent parfois à avoir un petit côté artificiel. Comme c'est tout de même Bogart qui prend "en charge cette enquête", on est dans nos petits souliers, le type se parodiant presque lui-même dans ce rôle de macho dur à cuire. Face à lui, Lizabeth Scott fait ce qu'elle peut (...) pour jouer les trouble-fête féminins et pour faire, avec son joli minois et ses mots doux, craquer notre homme... C'est d'ailleurs dans ce petit jeu de séduction que réside l'intérêt principal de ce film (Bogart craquera, craquera pas... ad lib) même si Cromwell nous donne au passage notre petit lot de séquences propres au genre (la petite chanson féminine susurrée lors d'une soirée (pauvre Scott qui devrait prendre des leçons de play-back), les bons vieux règlements de compte mâles qui charclent (Bogart en prend pour son grade même si, quand il se retrouve avec deux grenades dans la main face aux durs du coin, plus personne fait le malin), les cadavres dans le coffre et les flics dans le placard, etc...)

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Bogart de retour de la guerre avec son pote Johnny s'apprête à recevoir à Washington une chtite médaille. Seulement en cours de route le gars Johnny se fait la malle, et Bogart est bien décidé à comprendre quelle mouche l'a piqué. Il ne peine pas à apprendre que John, avant de s'engager dans l'armée, a trempé dans une sombre affaire de meurtre. Il n'aura point le temps d'entendre de sa bouche sa version des faits, le Johnny étant retrouvé calciné dans une bagnole... Bogart qui avait toute confiance en son buddy est bien décidé à disculper le gars, coûte que coûte... Il remonte progressivement la piste, croise au passage l'ancienne dulcinée de Johnny dont il est bien difficile de savoir à quel petit jeu elle joue. Séductrice, câline, manipulatrice, maline, elle tente de charmer notre ami Bogart, un type auquel on la fait po... Il livre d'ailleurs au passage un petit topo sur les femmes qui rendrait hystérique n'importe quelle féministe digne de ce nom. Je ne résiste point à vous donner un petit extrait d'un dialogue entre Bogart et Scott, bien que ces propos me choquent au plus haut point (quoi ?):

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- Les femmes parlent trop. Elles devraient se contenter d'être belles.
- Et d'obéir ?
- Les femmes devraient être minuscules... On les mettrait dans notre poche... et on saurait exactement où elles sont! Au restaurant, on les mettrait sur la table... et on pourrait rigoler avec les copains sans être dérangé ! Quand arrive le soir et qu'on la veut grandeur nature... on secoue la main et le tour est joué !
- Vous êtes un vrai macho !
- Et si elle l'interrompt, il la remet dans sa poche !
- Les femmes sont donc faites pour être aimées.
- J'ai dit ça ?
- Oui. C'était une confession. Vous vous méfiez d'elles... Car vous ne pouvez les mettre dans votre poche !

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Il fait le mariole avec ses belles paroles mais aura bien du mal à ne pas se laisser tenter par les doux baisers de la Belle. Se fourvoie-t-il, a-t-il raison de se laisser aller à son petit coeur qui bat, ne vous en faites pas pour lui, Bogie n'est pas tombé de la dernière pluie... Empoisonné, assommé, battu à mort, Bogart tombe souvent mais se relève toujours. Il se retrouve avec tout le monde à ses trousses - malfrats et policiers -, trouve le temps de confier son histoire à un prêtre (long flash-back d'une heure qui n'apporte pas grand-chose à l'histoire si ce n'est qu'elle permet à Bogart de livrer au passage ses petits commentaires acerbes en voix-off) et, seul contre tous, continue de faire le forcing en mémoire du gars Johnny. On écoute tellement de versions différentes du meurtre initial qu'on finit par s'y perdre un peu (on sent que Bogart, la mine constamment blasée, est, lui-même, un peu saoulé à force) mais on se régale dès lors que notre héros fait n'importe quoi pour arriver à ses fins (mettre à genou un commissaire avant de l'enfermer dans un placard, c'est cool, menacer deux hommes avec des grenades allemandes pour qu'ils avouent, c'est un peu déconner quand même). Un final sur un lit d'hôpital qui a dû faire plaisir à Borzage et Bogart (eternal lonesome guy or hooked ?, that is the question), satisfait de sa prestation, d'attendre gentiment qu'on lui propose encore et toujours le même rôle. Il demeure, de toute façon, indiscutablement, le meilleur dans son genre [spéciale dédicace à l'ami Bastie*: celui-là, je te le mets de côté mon bonhomme !]         

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