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12 février 2011

Strange Illusion d'Edgar G. Ulmer - 1945

vlcsnap_2011_02_11_21h48m32s107Pas que du bon dans la pléthore des films noirs de l'époque : Strange Illusion, malgré cette présentation enflammée de Tavernier dans les bonus du DVD, m'a fait l'effet d'un énorme navet, si vous me demandez mon avis. Ulmer, avec ce film, confirme sa réputation de petit cinéaste, mais infirme celle de "bon ouvrier" : tout est naze dans cette histoire. D'abord le montage, qui saute aux yeux par sa maladresse. On ne sait pas pourquoi, mais Ulmer semble ne pas arriver à concevoir qu'on puisse laisser hors-champ un seul mouvement de la part de ses acteurs ; si un personnage se déplace d'un demi-centimètre, le gars monte le plan, même s'il n'a aucun intérêt ou s'il casse complètement le mouvement d'ensemble de la scène. Il en résulte une sorte de puzzle très maladroit, où les faux raccords, les cadres inutiles et les hiatus sont légion. Ulmer n'était pourtant pas un débutant à l'époque, c'est d'autant plus étonnant de le voir faire des erreurs aussi "amateur"...

vlcsnap_2011_02_11_22h54m51s206Ensuite, les acteurs : ils sont strictement en-dessous de tout. Où a-t-il été pêché ce James Lydon, on ne sait pas, maisj'ai en tout cas rarement vu un acteur aussi empêtré dans ses mouvements, aussi inexpressif, manquant autant de charisme... Comme il est censé porter un personnage hanté par des rêves obscurs, un homme torturé en même temps qu'un habile détective, il aurait fallu du lourd en matière de finesse : l'acteur, paraissant environ 12 ans et demi, serait plus fait pour jouer les figurants dans un téléfilm que ce personnage complexe et casse-gueule. Heureusement, son manque de talent est un peu estompé par celui des autres acteurs, au diapason : pas un seul pour sauver l'autre, depuis cet ami médecin qui plisse les yeux à chaque fois qu'une idée lui traverse l'esprit (en général 42 minutes après que le spectateur ait déjà eu cette idée) jusqu'au "vilain", fade gentleman qui voudrait se la jouer George Sanders et qui s'enfonce dans le n'importe quoi.

vlcsnap_2011_02_11_22h08m13s138Enfin, le scénario, qui comporte sa part d'audace : un jeune homme, qui a perdu son père, voit sa mère tomber amoureuse d'un type louche qui vient hanter ses rêves, comme annonciateur d'un danger. Il mène l'enquête sur le passé d'icelui, enquête consistant surtout à faire coller ensemble ces bouts d'hallucinaltions nocturnes, à les rendre concrètes, à prouver que ses rêves sont prémonitoires. Un mélange, donc, d'inspiration freudienne en vogue à l'époque, de vagues réminiscences shakespeariennes (Hamlet) et de polar psychologique. C'est franchement n'importe quoi, les rebondissements virant sans arrêt à la mascarade (tiens, un dossier sur un tueur mystérieux qui traîne dans les affaires de mon papa... tiens, mais cet assassin ressemble à l'amant de maman... tiens tiens tiens, j'ai une idée : je vais me faire enfermer dans la maison de ce type pour une fausse analyse psychiatrique pour pouvoir enquêter à mon aise... ah ben zut, je suis pris au piège... etc.) On est affligé devant le manque de tenue à tous les postes, et bien étonné que ce scénar ait pu obtenir l'aval des producteurs (ceci dit, ça semble être un tout petit budget, vu les décors (les portes en carton qui menacent de s'effondrer dès qu'un personnage entre dans une pièce, les transparences affreuses)). Vous voulez que je vous dise ? Strange Illusion est pratiquement nul.

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