Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
31 janvier 2011

Opération Scotland Yard (Sapphire) (1959) de Basil Dearden

sapphire_b

Basil Dearden nous fait suivre une enquête criminelle dans le Londres de la fin des années 50 alors que les Anglais accueillent avec respect et déférence les Blacks du Commonwealth. Euh, en fait non. Ben ouais, c'est un petit monde où les préjugés vont bon train, de l'homme de la rue aux policiers en passant par des proprios de chambre à louer. On croisera au cours de l'enquête une bonne vingtaine d'individus et s'il y en a, allez, trois qui ne font pas preuve de racisme, c'est bien le bout du monde. A po dû être super populaire, Dearden, auprès des English, et c'est forcément tout à son honneur. Au niveau de la forme, on pourrait relever une petite musique jazzy qui court tout au long du film pas déplaisante et qui tend parfois à faire oublier l'interprétation un poil amateur de certains seconds rôles. Nos deux enquêteurs se démènent comme deux beaux diables pour aller interroger une multitude de témoins et de personnes qui entretenaient des relations avec la fille assassinée : ces constantes visites d'un endroit l'autre (boîte de jazz, maison d'étudiants étrangers, casa du fiancé de la fille morte, taudis des quartiers blacks...) finiraient presque par nous faire perdre pied dans l'intrigue - ah oui, donc c'est machine qui a mentionné bidule qui a eu une histoire avec truc... Cela permet au moins à Dearden de nous présenter un maximum de lieux "underground" de Londres : à défaut de suivre une trame vraiment palpitante (une course poursuite à pied en tout et pour tout qui booste un peu le bazar), on ne peut lui reprocher d'avoir tenté de varier au maximum les décors (de l'intérieur anglais où chaque napperon est à sa place aux apparts en ruines dans les bas quartiers).

sapphire_c

Deux bambins tombent sur un corps dans un parc : une jeune femme blanche a été assassinée de six coups de couteau. Le fiancé de la donzelle, bien qu'il possède un alibi, est immédiatement soupçonné par la police. Stupeur (grand coup de sax) quand se présente le frère de la fille : mon Dieu, il est noir ! Le policier, perspicace à donf, lui demande s'il s'agit bien de sa vraie soeur : ben ouais, le père est blanc, la mère noire, c'est pas plus compliqué que cela... Notre fin limier se demande si cette info était connue du fiancé et de sa famille qui semble de prime abord bien conservatrice : yes, yes, disent-ils tous du bout des lèvres, on savait aussi qu'elle était enceinte, qu'ils devaient se marier et no, no, on a absolument rien contre, you see. Mouais, po clair tout ça, sans faire de jeu de mots. Les enquêteurs, dont l'un est raciste comme notre Ministre de l'Intérieur, s'orientent sur la piste de ses anciens amis blacks : ils retrouvent chez l'un une chemise tâchée de sang ainsi qu'un couteau même pas lavé et franchement, vu que le type a en plus tenté de leur faire faux bond, il aurait bien le profil du parfait coupable ! Trop simple on se dit, en se rappelant qu'on était plus jeune un champion du Cluedo. Heureusement le Superintendant Robert Hazard n'est pas du genre à se laisser aller aux préjugés (oui mais là, quand même... Nan, le Black s'est peut-être battu avec un lion dans un parc et a oublié de faire sa lessive, ça arrive - pas faux) et continue ses interrogatoires, d'autant que le fiancé semble cacher bien des choses...

Deardon_Filmw_Sapphire

Dearden tombe parfois lui-même un peu lourdement dans certains clichés (comment reconnaître un Black à la peau blanche : matons ses pieds quand il écoute un morceau de percu, mouais ; ou encore le gang de Blacks, interrogés par la police, qui passent leur temps à rire comme des doux dingues, rah) mais on ne peut lui reprocher, dans l'ensemble, d'avoir cherché à montrer ses compatriotes sous leur aspect le plus flatteur. Ben ouais la vieille Europe d'après-guerre a encore des réflexes d'intolérance qui font peur, et je ne suis po certain que, cinquante ans plus tard, on ne puisse encore déceler quelques traces de racisme ici ou là (...). Mais bon revenons à notre film honnêtement construit (on est pas non plus dans le chef-d'oeuvre du film noir à l'anglaise, nan) qui ose montrer "clairement" ce que l'on osait sûrement guère avouer "publiquement", à cette époque. Intéressant, forcément, au moins dans cette optique.

Commentaires
G
Oh ben merci, Mariaque, c'est un gentil compliment. Z'êtes bien aimable, vous avez gagné un... euh... porte-clé Shangols, ou une peluche Hitchcock, ou un pin's Frank Borzage...
Répondre
M
Quand même, sous vos airs, là, vous abattez un bien joli boulot, les gars...
Répondre
Derniers commentaires