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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
28 janvier 2011

100 Dollars pour un Shérif (True Grit) (1969) de Henry Hathaway

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Le film des Coen et celui d'Hathaway, basé sur le roman de Charles Portis, gardent dans les grandes lignes la même trame ; au petit jeu des variations, on pourrait tout de même noter que la version de 69 prend la peine de nous présenter le meurtre initial du pater - le film des Coen préférant se focaliser d'entrée de jeu sur l'héroïne - et relever que le final diffère également quelque peu (les Coen nous gratifiant entre autres d'un épilogue vingt-cinq ans plus tard). On pourrait encore faire le mariole en notant que le bandeau du Marshal n'est pas sur le même oeil (ouais, c'est anecdotique mais bon...) mais surtout relever que le film d'Hathaway est dans son ensemble beaucoup plus lumineux : les vastes décors traversés par notre trio sont technicolorisés par le printemps quand l'oeuvre des Coen se nourrit de séquences hivernales et crépusculaires. La grosse déception, dès le départ, se situe sans doute au niveau de l'interprétation : si John Wayne, ben c'est John Wayne, un type né cow-boy (fait peut-être un poil le barbot dans les toutes premières scènes en forçant un peu le trait du type désinvolte - cela ne lui empêchera point d'avoir le seul Oscar de sa carrière, honneur on ne peut plus mérité), c'est surtout la jeune donzelle (Kim Darby) qui tape un peu sur les nerfs dans son interprétation un peu poussive de parfaite tête-à-claque. Difficile de ne pas faire la grimace dans sa façon de surjouer la plupart des scènes (elle les a pas volées, ses fessées...). Mais bon le gars John Wayne, et de solides seconds rôles (l'excellent Robert Duval dans le rôle de l'infâme Ned Pepper, Denis Hopper, en Moon, qui morfle sa mère...) tiennent la baraque et ce petit bémol est finalement vite pardonné.

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John Wayne se taille la part du lion dans ce film où Hathaway filme magnifiquement les grands espaces : qu'il se laisse aller à la confession en racontant sa vie à la chtite (joli moment émotion), qu'il soit totalement avachi sur son cheval, attaqué par l'alcool, avant de se retrouver piteusement le cul par terre et de décider d'établir, juste au point de chute, le campement pour le soir (grand moment comique), ou qu'il décide, la rage au coeur, de s'attaquer en solo à un quatuor de bandits, jonglant avec les flingues (pur moment héroïque dans un décor filmé du haut d'une colline sublimement mise en valeur), le John joue avec art sur les registres. Difficile de ne pas s'attacher à ce Marshal Rooster Cogburn qui, malgré ses petits écarts par le passé (Ok, il m'est arrivé de piquer de la thune, mais c'était point pour le plaisir de voler, juste pour avoir des fonds et ouvrir un restaurant...) demeure jusqu'au bout un partenaire de confiance. Il se fait un devoir, pour une poignée de dollars, d'exaucer les voeux de la chtite plus pour le principe que pour la gloire et sort forcément grandi de l'aventure. La vraie bonne nouvelle de ces deux versions cinématographiques de True Grit, c'est que l'une a gardé au fil des ans tout son éclat, et que l'autre, celle des Coen, dans un style plus sombre mais tout autant maîtrisé, fera date dans l'histoire du genre. Western is not dead...

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Commentaires
M
Navré de devoir me contenter de vous refourguer une vieille note, mais je n'ai pas trop le temps, là...:<br /> <br /> <br /> Ou celui par qui les honneurs (tardifs) arrivent.<br /> L'époque est on ne peut plus post-moderne (spagh', peckinpheries) et l'écho des vifs applaudissements faits à Rio Bravo commence à se perdre, avec la distance. Pourtant le roué Hattaway parvient à livrer, avec ce True Grit, une copie d'un classicisme (anachronique ?) qui n'équivaut pas pour autant à la prompte ringardise, au baroud réactionnaire, ni au rétroviseur lorgné avec force nostalgie (même si le héros est fatigué !), sorte d'équivalent westernique peut-être à La Belle de Moscou de Mamoulian.<br /> Car en offrant une énième vengeance à bien mener, en orchestrant un périple pour équipée hétéroclite (le trio n'est pas à proprement parlé fait de bons copains à l'expérience et aux valeurs communes), en mitonnant un (faux) contre-emploi au gars Wayne vieillissant (au-delà du « confortable »), le Marquis* ne s'enferme pas pour autant farouchement dans un passéisme moisi. La Nouvelle Amérique entre bien en compte dans sa trame, la guide même exclusivement, en la personne de la jeune héroïne, inlassable procédurière, chef d'entreprise en herbe affirmant d'une même main le pouvoir conféré par l'argent de l'employeur et le bon droit qui doit régir les rapports « civilisés » par celui-ci (quant bien même la talionnique peine capitale en demeure un archaïque fondement !) et relègue même les vieux héros au second plan (leur apprenant sentencieusement la mesure de la modernité et la sagesse à acquérir désormais) – on appréciera d'ailleurs la lucidité du Duke à effectivement se contenter d'un « second rôle » dans le script !<br /> Beau passage de relais donc entre une Amérique et une autre** pour le réalisateur, qui signera sans doute parmi les plus beaux des vieillissants westerns 60's, et qui parvient à se montrer aussi convainquant lorsqu'il croque les moeurs villageoises se divertissant d'exécutions collectives que lorsqu'il installe un climat d'angoisse quasi-existentielle (finissant dans une explosion de violence aussi sèche que subite) lors de négociations en huis-clos entre malfrats blessés (dont Dennis Hopper, loin de son chopper hallucinogène) et fédéraux bluffers (une courte séquence proto-tarantinesque ?), ou paye un morceau de bravoure comaque à son acteur fétiche (le duel final, aussi héroïque que ridicule), sans jamais verser ni dans le télévisuel, ni dans le disneyen (reproches pourtant régulièrement faits à l'oeuvre, la faute à son héros-enfant ?***).<br /> On notera en guise de bémol - et afin de ne pas laisser rouiller nos ciseaux à couper les cheveux en quatre - le curieux déficit de villain, à propos duquel le script entreprend une substitution à mi-parcours (le salaud-fallot fatherfucker Tom Chaney étant remplacé dans la mythologie du film par le nettement plus magnétique Ned Pepper (Robert Duvall, au charisme déjà prégnant)) et la légendaire faiblesse de Le Boeuf (mal joué mais mal écrit aussi)... Mais sans ça...<br /> <br /> <br /> Texte complet avec notes et liens, ici:<br /> http://eightdayzaweek.blogspot.com/2010/02/quel-film-avons-nous-vu-ce-jour_08.html
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