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20 janvier 2011

La Rue de la Mort (Side Street) (1950) d'Anthony Mann

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Mann ouvre son film avec quelques vues plongeantes magnifiques sur New-York et nous sert au passage un joli petit laïus (le nombre de mariages chaque jour, de naissances, de morts, de crimes aussi, oups...) sur cette ville qui donne le vertige ; il ne tarde point à revenir sur terre pour s'attarder quelques instants sur quelques citoyens de la dite ville : il y a bien sûr ceux qui sont soucieux, ceux qui rêvent... et mine de rien nous présente en chemin quelques-uns des personnages principaux de son récit, tout en douceur. Une voix-off qui déroule ses commentaires sur un petit ton tranquille, légèrement blasé, qui va trancher avec la mouise infernale dans laquelle va se retrouver plongé notre héros - excellent Farley Granger (They Live by Night, Strangers on a Train), individu tout gentillet qui, entraîné dans une grosse galère, va suer sa mère). Mann dispose d'une solide distribution (Cathy O'Donnell, la femme de Farley, épouse dévouée et tourmentée ; James Craig en gros bras qui ne fait pas de détail - te tord un cou comme moi un trombone (sauf que souvent, moi, je me blesse) -, Paul Kelly en flic à qui on ne la fait po, Jean Hagen, en chanteuse de boîte ivre (petite réserve tout de même sur sa prestation un poil too much)), distribution à laquelle on pourrait ajouter la ville de New-York, magnifiquement photographiée - notamment les quelques séquences by night...

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La tentation était trop grande pour notre petit facteur... Sa jeune femme attend un bébé, il habite encore chez popa et moman, il rêve de voyager en Europe, alors forcément lorsqu'il repère 200 dollars glissés dans un dossier, chez un avocat, il aimerait bien mettre la main dessus... Retour dans le bureau de l'avocat, personne alentour, il pète le casier où sont les dossiers et se retrouve avec... 30.000 dollars, gloups... Un larcin énorme (les 30.000 dollars ayant été obtenus par l'avocat véreux après un sale chantage : bilan, un cadavre flottant dans l'Hudson) qui va foutre une pression terrible sur les épaules de notre facteur. Plus il panique, plus il fera des boulettes, plus il essaiera de les rattraper, plus sa vie sera en danger... L'ami Farley pense la jouer super fine en filant son grisby au barman du coin (jamais faire confiance à un barman sobre, putain), se fait oublier pendant une semaine ("chérie, j'ai un nouveau taff super bien payé, je reviens dans une semaine juste pour l'accouchement" - ma femme m'aurait assommée avec le biberon tout neuf) puis, pris de remords après avoir rendu visite à sa femme et vu le nouveau-né, se rend chez l'avocat pour se dénoncer - "je m'appelle "Joe Norson" et j'ai un ptit truc à vous, me semble" - et pour lui rendre son fric (l'autre est un poil incrédule, craint un coup fourré de la police (ben ouais, il y a un crime au passage) et nie : "Nan, je vois po ?") et finalement revient la gueule enfarinée dans le bar : "ah ben nan le patron a vendu, on ne sait po vraiment où il est..." - Farley récupère tout de même son paquet, ouf, dans lequel il y a... une chemise de nuit pour sa femme, comme il l'avait dit au barman,  oups. Farley, n'ayant plus d'eau à suer, des micro-gouttes de sang commencent à perler sur sa peau. Belle boulette, camarade. Il doit dorénavant non seulement craindre les flics mais aussi et surtout ce petit gang d'escrocs... Devrait aller tout avouer à la police, croyez pas ? Ben nan ce serait bien trop simple, et Farley a encore un gros potentiel de boulettes à réaliser : "Je vais retrouver la trace de l'ancien proprio du bar - crotte, il est déjà étranglé (on a dû me précéder...), ah puis tiens, bingo, on m'a vu sur les lieux du crime", olé !). Farley recevra son lot de gnons dans la tronche mais tentera malgré tout, all by himself, de retrouver jusqu'au bout les coupables de cette affaire... On essaie d'oublier le titre français et de croiser les doigts.

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Bien aimé ce gros travail sur les cadres, notamment ces multiples plans en contre-plongée sur un Farley qui semble constamment vaciller sur son socle (s'enfonce à chacune de ses décisions comme dans du sable mouvant): plutôt que de lui donner de "la hauteur", ces plans amplifient la sensation de vertige et de frayeur qui étreint de plus en plus notre pauvre petit facteur. On pense au départ qu'il va se fissurer de toute part sous la pression, mais notre homme de la Poste a des ressources pour continuer à aller de l'avant. Mann nous livre un final remarquable - une grosse course-poursuite en bagnoles dans les rues new-Yorkaises - Farley se retrouvant au volant d'une bagnole pourchassée par toute la flicaille du monde : va-t-il droit dans le mur ou une ultime "pirouette" parviendra-t-elle à le sauver...? Belle prestation du Farley dans ce film noir où New-York se révèle un parfait écrin - la hauteur des buildings peut en effet faire rêver, mais on peut aussi rapidement tomber de haut...          

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