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7 septembre 2021

Antoine et Colette de François Truffaut - 1962

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Prolongation un peu en-dessous des Quatre Cents Coups. Truffaut a beau s'efforcer de bien nous rappeler qu'il s'agit du même Antoine Doinel (allusions à ses parents, retrouvailles avec le pote René, et même un flash-back qui reprend une scène du film de 1959), on a du mal à retrouver dans ce jeune homme poli et timide le Doinel qu'on a aimé 3 ans plus tôt. Ce n'est pas la faute de Jean-Pierre Léaud, qui donne ici quelques signes de l'immense fantaisie qui le définira plus tard ; non, plutôt la faute à un scénario pas très bien tenu, pas passionnant, qui tient en gros sur sa seule résolution finale, assez caustique (le parcours amoureux d'Antoine se termine chez les parents de l'insaisissable Colette, devant la télé). A part ça, il faut bien reconnaître que c'est un peu léger. Tant pis : contentons-nous de cette bulle de fraîcheur qui contient assez de détails rigolos pour meubler les 25 minutes de métrage. Bien aimé, par exemple, cet échange de regards par en-dessous entre les deux jeunes gens, lors d'un concert où la musique épouse parfaitement les petits bonds de leurs coeurs ; ou ces cris de joie échangés entre voisins, de fenêtre à fenêtre, et qu'on retrouvera dans La Nuit Américaine ; ou la délicate utilisation des chansons de variété pour décrire l'univers intime d'Antoine (parfois, c'est juste une bribe de refrain, on dirait du Godard, dis donc) ; ou ce plan balzacien sur Antoine qui ouvre sa fenêtre sur Paris dans un éclat de cuivres triomphal ; ou les micro-anecdotes si justes et si fines que Truffaut sait si bien égréner dans ses films (les lettres d'amour adolescentes avec des traces de lèvres de la bien-aimée ("Wouaou terrible !", sussurre Léaud)). Bref, Truffaut cherche encore un peu dans quelle direction il va pouvoir emmener son héros (et son acteur), c'est hésitant et plein de fausses pistes qu'il ne suivra pas plus longtemps ; mais c'est intéressant à ce titre, et c'est aussi d'une fantaisie très attachante, avec toujours cette gravité et cette mélancolie en arrière-plan qui font toute la saveur des comédies truffaldiennes. L'Acte III sera le bon. (Gols 19/01/11)

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Que dire de plus sur cette agréable opus, l'ami Gols en ayant décrit toutes les bonnes feuilles. Il est clair que dès le départ, Truffaut se fait diablement moqueur quant aux succès sentimentaux de l'Antoine : si notre adolescent n'a pas les yeux dans sa poche (ah les jambes de Marie-France Pisier...), il est loin d'être transcendant pour y mettre son amoureuse. Badin, sympa, amical, il a plus tendance à plaire aux parents qu'à la donzelle, son petit jeu de toutou suiveur (déménager pour être au plus près de sa belle, c'est pas rien) l'emmenant droit dans le mur (trop direct, trop lisible, cela plaît rarement aux femmes...). Alors oui, Truffaut se joue du thème donné pour ces films à sketches (jamais vu les autres ceci dit en passant) en montrant que l'amour à 20 ans... rime avec chou blanc et on reconnaît bien là l'humour caustique de cet éternel sentimental blessé. Au-delà de ça, il y a déjà chez Truffaut cette petite fascination pour le côté docu-pédagogique (ici la fabrication d'un 33 tours - les conférences sur la musique peuvent également rentrer dans ce domaine) et sa passion, en effet, pour la chansonnette, la bande-son ultra-mixée (!) se doublant parfois d'un petit clin d'œil rigolard (un petit air de Brassens et le Georges (en carton) qui passe au second plan). On se gausse, aussi, devant les exclamations familières de l'Antoine (les "oh la vache !" entre autres), Truffaut trouvant toujours le bon ton pour rendre ses dialogues naturels et rigolos. Et puis il y a Paris (la traversée d'Antoine avec ses bouquins) et of course ce Léaud encore en devenir avec ses mines toujours boudeuses et ses nouvelles ambitions amoureuses (vous enlevez les femmes, qu'est-ce qui nous reste ? ouais, un brin de culture mais si c'est pour se la taper avec ces pseudo-beaux-parents devant la téloche, autant crever direct). Au final un opus sans doute mineur mais très enlevé, avec un Antoine aux petites plumes encore fragiles mais qui poussent. (Shang 07/09/21)

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Tout Truffaut : clique et profite

Commentaires
H
Trouvé sur un forum de cruciverbistes (ou de verbocrucistes, je ne sais plus) :<br /> <br /> « Définition : Il a été interprété par Léaud tôt et par Léaud tard.<br /> <br /> Réponse : Antoine Doinel. »<br /> <br /> Sinon, 'Antoine et Colette', c'est extra (pour rester dans la chansonnette, qui émaille le film).
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