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16 janvier 2011

L'Epreuve de Force (The Gauntlet) de Clint Eastwood - 1977

vlcsnap_2011_01_16_00h35m48s11Entre deux westerns, Eastwood a réalisé ce film d'action assez transparent. Rien de honteux, non, mais rien non plus de vraiment intéressant dans ce divertissement calibré et façonné en usine. Un flic est chargé d'escorter une jeune femme qui doit témoigner dans un procès contre la Mafia ; il en tombe amoureux et se retrouve embringué dans un vaste complot mouillant ses propres chefs, rien de nouveau sous le soleil. Quand on sait ce que des fonctionnaires de la surenchère comme Rodley Scott savent faire aujourd'hui d'une trame de cette sorte, on est tout de même bien content de retrouver le savoir-faire artisanal à l'ancienne de Clint. On regoûte à la saveur vintage du cinéma de papa avec ces personnages archi-balisés, cet humour bon-enfant, ces situations entre farce et suspense, ne boudons pas notre plaisir. Mais la mise en scène accumule trop les maladresses et les scènes inutiles pour vraiment emporter l'adhésion. Beaucoup de répétitions, vlcsnap_2011_01_16_00h00m17s209notamment cette idée de hordes de policiers qui canardent un lieu (d'abord une maison, puis un bus) : pourquoi avoir filmé deux fois cette scène presque à l'identique, ce qui annule complètement le spectacle final ? Il y a de l'idée dans cette longue séquence finale, où un bus doit atteindre le tribunal en traversant le feu continuel de centaines de flics qui lui tirent dessus ; une façon malicieuse de faire traverser l'enfer par l'intimité amoureuse de nos héros. Mais ayant déjà vu cette scène dans le film précédemment, on n'est plus surpris.

Les autres scènes d'action sont souvent bien poussives, comme cette poursuite d'une moto par un hélicoptère. C'est tellement laborieux qu'on ne ressent absolument aucun danger pour notre Clint qui conduit impassiblement sa moto. Pareil pour la confrontation, qui se veut drôle entre Clint et une horde de motards barbus : elle ne sert à rien qu'à donner un nouvel exemple de l'humour douteux et réactionnaire d'Eastwood ("Eh, toi, avec tes cheveux longs, tu te crois malin ?", mmmm). On comprend qu'il veut développer un vlcsnap_2011_01_15_23h50m53s200personnage assez maladroit, assez lourd ; mais ces tentatives de le rendre idiot sont vite effacées par un héroïsme banal, et le personnage est assez flou. Dommage, car là est peut-être la piste le plus intéressante du film : en pleine gloire "Inspecteur Harry"-esque, Eastwood tente de renverser la vapeur en interprétant un flic has-been, alcoolo (il joue vraiment très bien les premières scènes de gueule de bois), engagé justement pour son incapacité dans une mission suicide, confronté à une pute grande gueule et dix fois plus maline que lui. Son duo avec Sondra Locke est amusant, surtout dans la scène où elle se met à insulter un flic qu'ils ont pris en otage sous les yeux ébahis de Clint : son fameux jeu de sourcil est impayable devant les sorties ordurières de la petite blondinette, et il semble jubiler à jouer son personnage habituel de flic viril et dur dépassé par une femme. Il passe d'ailleurs tout le film à prendre de mauvaises décisions, toujours en retard sur sa partenaire et sur le public. C'est courageux, en pleine gloire.

Une piste intéressante pour regarder ce film sans complètement se vider le cerveau, peut-être. Ceci dit, on peut aussi le regarder sans utiliser cet organe, ce qui n'est pas si mal non plus.

All Clint is good, here

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