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29 décembre 2010

L'Homme de l'Arizona (The Tall T) de Budd Boetticher - 1957

vlcsnap_2010_12_29_12h02m13s1344001ème texte de ce blog : il me fallait du beau, et j'en ai. Boetticher ne cesse de me suprendre, de western en western, et si The Tall T est peut-être un chouille en-dessous, il n'en reste pas moins un grand moment d'originalité. C'est comme toujours Randolph Scott qui est en charge d'endosser le cow-boy de service, et comme toujours il porte un personnage assez inédit : rangé des voitures, il cultive une solitude misanthropique dans sa ferme ; il va se trouver embringué par hasard dans l'enlèvement d'une riche héritière, et va découvrir, je ne trahis rien, la petitesse de la gente masculine et l'amour de celle féminine. Il est souvent question de dignité chez Boetticher, dignité qu'il oppose à la lâcheté, au manque d'honneur, et qu'il relie souvent aux valeurs viriles de base. Ici, c'est le mari de la captive qui endosse tout le poids de la misère morale : il est prêt à vendre sa femme pour sauver sa peau, et pour Boetticher, ne pas être disposé à mourir pour rester digne, c'est punissable de mort. Ce ne sont pas les vrais méchants qui sont les pires de l'histoire, mais cette société bien-pensante et lâche que les westerns du Budd ne cessent de fustiger ; belle idée, et qui justifie la sauvagerie sombre de Randolph Scott. La galerie des personnages secondaires est parfaite, comme d'hab : le chef du gang, viellissante figure rêvant de quitter le circuit pour cultiver son jardin, empreint des vieilles valeurs du duel (très belle séquence où il s'enfuit en tournant le dos à Scott pour ne pas se faire tirer dessus, puisqu'on ne tire pas dans le dos d'un homme) ; ses deux sbires, petites frappes juvéniles auxquelles le scénrio ménage moult circonstances atténuantes (la société responsable de ses vices, thème récurrent) ; la femme enfin, consciente d'avoir épousé un lâche mais trop terrorisée par la solitude et par un père autoritaire...

vlcsnap_2010_12_29_10h47m25s63Tout ou presque se déroule dans un lieu unique : le milieu de nulle part, une cabane antique balayée par les tempêtes de sable, et la tragédie qui se déroule en plein soleil. Pour contrebalancer la pesanteur de sa trame, Boetticher ménage 20 minutes d'introduction joyeuses et gamines : on y voit Scott faire du rodéo sur un taureau (yeepii-yooo !, font les cow-boys), et sauter dans une mangeoire pleine d'eau pour échapper à celui-ci (ouarf ouarf ouarf, font les cow-boys) avant qu'il ne balanche une grosse mandale dans le plus moqueur d'entre eux (yeepi-doddle-diii). De vrais gosses, je vous dis, ce qui rappelle que Boetticher excelle à "fragiliser" ses personnages, à les rendre très humains en montrant leurs petites pointes d'innocence, de féminité ou de puérilité. Une fois le personnage principal aussi bien nuancé, la trame peut se développer, on est accroché par le héros. Du bien beau travail, encore une fois personnel et modeste, sensible et aride.

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