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28 décembre 2010

Les Mains en l'air de Romain Goupil - 2010

19426172_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100419_062458C'est curieux de constater comment des films qui ne se piquent pas de politique peuvent être éminnemment politiques (Mammuth), et comme d'autres, qui se piquent d'être engagés, peuvent passer à côté de leur discours (Les Mains en l'air). Il est politiquement irréprochable, Romain Goupil, qui prend ici la défense des sans-papier à travers un petit conte social contemporain, qui se dresse vaillamment contre des actes gouvernementaux révoltants (la séparation des familles, la reconduite sans nuance aux frontières), qui affiche une saine colère contre l'injustice. Encore faudrait-il que son histoire aille vraiment en profondeur. Or, son film est une sorte de mignon "Club des 5" tout à fait innocent.

Pour traiter du délicat sujet des sans-papiers, le film part d'une bonne idée : le montrer à travers les enfants, ceux-ci opposant à la violence du monde adulte une révolte frontale, premier degré, qui s'apparente surtout à un jeu. Les adultes, perdus dans leurs discours et leurs convictions un peu creuses, sont incapables de réagir directement à l'injustice ; c'est donc les enfants qui vont y répondre, en se soustrayant 19426179_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100419_062508du monde (ils font une fugue en entraînant dans leur cachette une petite Tchétchène menacée d'expulsion). Les meilleurs moments du film sont ceux où Goupil traite le monde de l'enfance comme le lieu de la contestation, existant presque contre les grands : insolence naïve, pas très consciente d'elle-même, mais qui va déclencher la vraie prise de conscience des adultes vis-à-vis de l'insupportable problème des expulsions. Ce petit clan qui se forme en cachette (les enfants communiquent avec une sonnerie de portable que leurs parents ne peuvent entendre) est une jolie réussite, et on retrouve à travers ces jolies séquences privées d'adultes quelque chose de l'enfance à l'état pur, quelque chose que d'autres (Truffaut, Doillon) avaient déjà su magiquement capter.

Mais Goupil n'est pas Truffaut, malheureusement. Les Mains en l'air est bien trop maladroit pour conserver son charme premier : direction d'acteurs hésitante (les enfants sont mauvais), mise en scène artificielle (ce gyrophare qui balaye l'appartement des Tchétchènes est lourdement théâtral), gros sabots dans la narration, et surtout vision surannée et assez fausse de l'enfance, c'est un festival d'approximations. Les mômes sont sages comme des images, très lisses, plus politisés que leurs parents, et on ne croit pas une seconde à ces 19426175_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100419_062507bambins rebelles qu'on croirait sortis d'un roman du XIXème. Et puis, chose plus grave, Goupil rate complètement son but (la politique) en le traitant par le seul biais de ces jolis enfants. Comme dans Welcome, le discours est biaisé : on dirait que Goupil veut nous faire adhérer à ses convictions (justifiées : aider les sans-papier) parce que les enfants sont mignons et que c'est trop injuste de renvoyer chez eux des enfants trop mignons. On aurait préféré que ses petits acteurs soient un peu moins choux, et le discours un peu moins naïf : il faut aider les sans-papier, certes, parce que c'est juste, pas parce que ce sont de jolis mômes aux grands yeux innocents qui prennent. Entièrement tourné vers le sentimentalisme, le film rate sa cible, et joue une nouvelle fois avec l'empathie des spectateurs alors qu'il devrait jouer sur sa réflexion. Marre de ces films qui font de la politique par le plus petit bout de la lorgnette, et qui finissent par être tellement innocents qu'ils ne peuvent que conforter Sarko dans son fauteuil. Un coup dans l'eau. (Gols 14/06/10)


Si on se rejoint pas toujours, avec l'ami Gols, sur les films qui nous font vibrer, on est tout de même bien souvent d'accord sur ceux qui nous laissent froids... Si le film de Goupil s'ouvre sur une bonne idée (on est en 2067 : "C'était en 2008-2009, je ne me rappelle plus qui était président" - ça, c'est fait) et se clôt sur une belle image (ces enfants qui se sentiraient presque coupables de vivre dans cette France "en mal d'identité" - pan dans ta gueule, bis), entre-temps, c'est clair que c'est bien plan-plan pour ne pas dire un peu neuneu. J'ai, comme mon coblogueur, pensé immédiatement au Club des cinq, une référence qui nous ramène bien trente ans en arrière, ce qui n'est pas forcément bon signe en l'occurrence, dans le fond mais surtout dans la forme : Les Mains en l'air a des allures de téléfilm, voire de feuilleton de (notre) jeunesse, ce qui n'est pas franchement un compliment. N'est en effet pas Doillon qui veut dans la direction d'enfants : leur jeu semble toujours méchamment factice et dénote d'autant plus à côté d'une Valeria Bruni-Tedeschi que j'ai trouvée pour ma part très en forme. Nos bambins sont mignonnets tout plein en dehors de leur petit trafic et de leur fugue auxquels on a quand même bien du mal à croire (le seul gros geste rebelle et punk restant le tartinage de biscotte au ketchup, mouais, ça va...). On a connu Goupil plus malin (c'était facile), ce petit conte "politique" étant en effet, au final, bien gentillet, candide et lisse... (Shang 28/12/10)

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Commentaires
L
Tout à la fois (bigrement) politique jusque dans sa subjectivité assumée et d'un montage virtuose quasi-markerien, MOURIR A TRENTE ANS (1982) restera le chef d'oeuvre de GOUPIL. S'y trouvent déja les lendemains qui ne chanteront plus avec leurs cortèges de suicidés et une odeur de mort qui est une des constantes de son cinéma !
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