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14 décembre 2010

Nous, les Femmes (Siamo Donne) (1953) de Visconti, Rossellini, Franciolini, Zampa et Guarini

img_179716_lrgAh, les films à sketches italiens... On se demande toujours ce qu'on va bien pouvoir y piocher ; certes avec la présence de quatre méga stars italiennes et de cinéastes tels que Rossellini ou Visconti, on peut tout de même s'attendre à de la qualité, comme dirait n'importe quel commentateur sportif un poil avisé. Alors... Mouais ben comme d'hab, c'est inégal ; le principe : nos quatre grandes dames doivent raconter un épisode personnel de leur vie... Jusqu'à quel point jouent-elles vraiment le jeu, ont-elles au moins lancé une idée, rien n'est moins sûr, vu qu'aucune d'elles n'a écrit le scénar de leur histoire. Bref, pas forcément grave. La plupart des récits fait tout de même preuve de vivacité voire d'une belle spontanéité... à l'exception, sans être dur, du Rossellini qui tombe terriblement à plat malgré le comique de situation indéniable : Ingrid Bergman passe une bonne moitié de l'épisode à courir après un poulet ; c'était casse-gueule, certes.

Concorso 4 Attrici 1 Speranza d'Alfredo Guarini

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En intro aux quatre sketches principaux, un épisode, étonnamment long, qui décrit la sélection d'une aspirante actrice - la gagnante, par sa participation à ce court-même, partagera l'affiche auprès des quatre autres grandes stars. On assiste à un défilé d'une ribambelle de jeunes femmes qui veulent forcément toute y croire... Il semblerait que la première épuration se fasse simplement au physique, puis il y a une deuxième phase où... lors du déjeuner (les jurés passent aux tables en leur envoyant une lumière aveuglante dans la tronche) s'opère un second écrémage, les heureuses élues ayant enfin l'opportunité de passer un screen-test. Il ne devrait en rester qu'une, deux finiront par triompher (peut pas dire par la suite qu'elles feront une immense carrière...) On suit quelques-unes de ces aspirantes, de la jeune femme au regard déjà fatal à la chtite fille à couettes accompagnée de sa mama : elles espèrent, elles doutent... celles qui chutent en route sont forcément pleines de rancoeur - "le cinéma est contrôlé par la mafia", ça c'est dit -, d'autres tentent de faire de leur mieux pour être le plus naturel possible lors du screen-test - sympathoche numéro de la chtite au téléphone. C'est gentillet et ça fait au moins de la pub... pour le studio Titanus. Certaines (gagnantes ou non) feront tout de même une poignée de films, d'autres retourneront gentiment à leurs études... Mouaif.

Alida Valli de Gianni Franciolini

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La Valli est invitée par sa masseuse à venir le soir même participer à ses fiançailles... La Valli a des obligations, accepte tout de même, se rétracte, puis finalement se rend à la fiesta. Elle est accueillie comme une reine, suit la mama dans la cuisine pour être bonne pâte, s'extasie devant les trains qui passent juste sous la fenêtre, danse avec le futur marié, ne peut s'empêcher de le dragouiller en rêvant (hum) d'avoir eu une vie normale, puis, toute gênée d'abuser un tantinet, met les bouts. La trame ne va pas chercher bien loin, mais la Valli, tout en restant consciente de son statut privilégié, joue le jeu avec beaucoup de charme et un indéniable naturel. On comprend bien le principe du bazar : montrer que ces divas ont aussi un côté super humain, ben ouais, voire ont leurs petites faiblesses, comme nous, quoi. Les séquences de la fête sont filmées avec une certaine fraîcheur, la Valli est au diapason et l'épisode passe la barre avec les honneurs.

Ingrid Bergman de Roberto Rossellini

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Je serai beaucoup plus sceptique avec ce segment... Ingrid Bergman, qui joue tant bien que mal en italien (bel effort), veut se montrer sous son aspect totalement à la coule dans son jardinet. L'histoire est nase - le poulet de sa "voisine" (l'ancienne proprio qui reste quelques jours encore sur son terrain) bouffe ses rosiers, l'Ingrid, toute colère l'enferme dans le placard de son salon juste avant que des invités arrivent. Ca vaut pas tripette au niveau intérêt, le but de la chose étant simplement de nous montrer la belle au naturel... Justement, quand on la voit se pencher sur ses rosiers, elle semble aussi à l'aise que moi devant un meuble IKEA à monter sans clou, et quand elle tente d'attraper le poulet en courant comme une dingue, on voit bien qu'elle est po du tout dans son élément... Tout ce qui est censé faire spontané semble forcé à mort et on a un peu mal pour Rossellini, dieu du neo-réalisme, de le voir filmer ce truc. Même la chute où Ingrid Bergman tente de jouer la parfaite je-m'en-foutiste ("je vous avais prévenus que c'était une histoire ridicule" - ça, on est d'accord) sonne terriblement faux... Désolé, marche po.

Isa Miranda de Luigi Zampa

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La grande Miranda se présente comme une actrice qui a tout sacrifié à sa carrière (son appart est un musée égocentrique) et justifie ainsi le fait de ne pas avoir eu d'enfant. Ben tiens justement, elle va se retrouver à emmener un gamin à l'hôpital - un truc lui a explosé le bras -, le ramènera chez lui et devra s'occuper d'une tripotée de gamins, la mama étant absente. On voit bien que tout est centré sur la façon avec laquelle, face caméra, la belle Isa va gérer les bambini - en particulier une piccolina haute comme deux pommes - en usant de sa patience sans... qu'ils regardent la caméra. L'exercice n'est pas forcément gagné d'avance avec de tels bouts de chou mais elle s'en sort honnêtement. Même les plus grandes stars peuvent avoir la fibre maternelle, nous voilà totalement rassurés...

Anna Magnani de Luchino Visconti

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Bon à l'origine, avouons-le, c'est surtout pour cet épisode-là que je me suis penché sur cette oeuvre. On assiste à une abracadabrante histoire : la Magnani, devant payer en plus une lire au chauffeur de taxi pour son chien, se rebelle, va provoquer une véritable émeute dans un commissariat où elle aura forcément gain de cause (tu contredis la Magnani plus longtemps, tu causes une guerre nucléaire) et finira par rejoindre in extremis la scène d'un théâtre où elle poussera un chtite chanson devant une foule muette d'admiration... La Magnani forte en gueule pendant quinze minutes et pouvant, en un tour de main, tirer des larmes à une foule, le rôle est forcément taillé sur mesure. Dès qu'il s'agit pour notre donna en colère de se lancer dans d'interminables diatribes, c'est du cousu main, et forcément elle s'en donne à coeur joie devant un parterre de flics rapidement subjugué par son art d'oratrice. L'épisode dépote, Visconti reste gentiment hypnotisé par sa star qui déroule et la laisse faire son numéro sans avoir besoin d'en rajouter. Il réussit "l'exercice de style", à défaut de livrer un morceau inoubliable... Vous, les femmes... Je savais bien que je finirais par craquer...               

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