Un Coin tranquille (A safe Place) (1971) de Henry Jaglom
Si le premier film de Nicholson, Drive, he said, se révélait une oeuvre brouillonne mais bourrée d'énergie, cette oeuvre de Janglom, réalisée à la même époque et produite également par Bernt Schneider, est d'un ennui à mourir. Attention, on est dans l'oeuvre expérimentale ricaine sous influence godardienne ou fellinienne (c'est en tout cas lui qui le dit, ne cherchons pas forcément de liens) : en gros, le principe, c'est pas de ligne narrative claire et un montage le plus foutraque possible histoire de brouiller les pistes - on a rien contre a priori. Résultat : la chienlit assurée. On assiste grosso modo au rêve éveillé (expression bien pratique quand on ne comprend pas grand-chose) d'une jeune femme (Tuesday Ward, terriblement agaçante dans ses postures) : son esprit vague entre le monde de son enfance auprès d'un magicien de square (Orson Welles, deux tonnes, qui s'amuse à faire disparaître un éléphant - sûrement pour traduire son obsession d'un régime...), son compagnon terriblement terne (Phil Spector dont les grosses lunettes carrées sont encore ce qu'il a de plus sexy) et un amant (Jack Nicholson en fiévreux lover moustachu - il a une scène en intérieur où il est avachi sur un canap et il sue sa mère - où est passé le maquilleur, bon sang ?). Apparemment vu la mine qu'elle tire entre deux séquences montées en vrac, elle a l'air relativement insatisfaite ; on compatirait peut-être franchement pour elle si, au bout de quinze minutes, on avait pas déjà lâché l'affaire (oui, bon, j'aurais dû m'arrêter là, c'est mon pauvre petit côté optimiste : "attendons de voir si jamais par la suite"... Nan) : c'est bien gentil de vouloir faire son original, seulement parfois on risque de virer à la prétention pure et dure... A force de trop vouloir déconstruire son film en ajoutant des bouts de scènes aux autres dans un désordre censé sûrement faire "artiste inspiré", Jaglom semble bien le seul à se passionner pour ce qu'il fait et laisse le spectateur totalement sur la touche. On a franchement qu'une envie, le laisser tout seul dans son coin, voilà. Bon, j'aime autant arrêter là, sinon je vais m'énerver...