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21 novembre 2010

Cézanne de Jean-Marie Straub & Danièle Huillet - 1989

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Autant les Straub m'avaient convaincu avec Une Visite au Louvre, qui travaillait sur le "temps" de la peinture, et qui ne reculait pas devant une saine vigueur dans le commentaire, autant ce Cézanne m'est littéralement tombé des yeux et des oreilles. On dirait que le but de la chose est d'enterrer définitivement Cézanne, alors même que ses paroles (le texte est fait d'un entretien du bonhomme) pourraient être vivantes et toniques. Annônées ainsi par une voix discordante, trop forte, à deux doigts d'être vulagire dans cet accent populo et ce manque de finesse, les pensées du peintre disparaissent sous la vieillerie ; on a l'impression que Cézanne, c'est chiant, et s'il n'y avait pas quelques tableaux filmés pour nous rappeler que sa peinture était aussi lumineuse, on soupçonnerait les Straub de ne pas aimer le gars. Pourtant, belles remarques que celles de Cézanne, qui évoque l'impossibilité de peindre le soleil, et l'obligation de trouver d'autres façons de penser le soleil ; qui parle de la grandeur de la nature, à travers ce mont que le film nous montre longuement ; et, surtout, qui dit que le peintre n'est qu'une "plaque sensible", presque objective, qui ne doit vibrer qu'aux impulsions des couleurs et de la nature : voilà qui a dû plaire aux Straub, qui du coup, montent en parallèle de ces pensées leur propre film (La Mort d'Empédocle), histoire de bien nous prouver qu'ils sont les disciples de Cézanne. Ben oui, mais on préfère encore ces longs cadres fixes sur les tableaux, autrement plus parlants que les extraits du film. En gros, Cézanne (le film, pas le gusse) échoue à nous parler réellement de peinture, prisonnier d'un trop grand souci de rigueur, d'une hantise maladive du spectacle et de l'émotion fabriquée. Du film, finalement, on ne sauve que ces 7 minutes d'extraits de Madame Bovary de Renoir, enfin simples et émues.

Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

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