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21 novembre 2010

Ladies of Leisure (1930) de Frank Capra

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Pas si mal, ce petit Frank Capra de derrière les fagots, alors que l'ère du parlant débute tout juste. C'est l'éternelle romance de la pute au petit coeur qui bat avec le fils de bonne famille - peintre (peint comme un pied le type, il arrive même à se mettre de la peinture dans le dos... peintre en bâtiment ou artiste peintre, même combat, m'est avis, pour le costumier) - avec le popa et la moman qui sont forcément pas d'accord. Mais le film fonctionne plutôt bien grâce au couple formé par Ralph Graves - the man - et Barbara Stanwyck, craquante en diable ; il faut, certes, bien reconnaître qu'elle passe le film à verser de grosses larmes ("il m'aimera jamais", "il me regardera jamais", "Gosh, il m'embrasse !", "Gee, il m'aime", "Les parents m'aimeront jamais"...) mais il n'est pas toujours facile, en ce bas monde, de faire croire qu'on est honnête quand on a pas le sou. Non, Jeff.

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Une rencontre joliment romantique - lui errant au volant de sa bagnole à quatre heures du matin, elle quittant un yacht en barque à la même heure - et un peintre qui ne tarde pas à sauter sur l'occasion pour choisir un nouveau modèle. Il met des plombes avant de vraiment s'intéresser au minois de la jeune femme qui, elle, le regarde depuis le début comme une pauvre petite amoureuse transie avec des airs de chien battu (j'ai piqué une réplique à Conte d'Eté que je connais par coeur (et mes malheureux étudiants aussi), désolé). Un soir, elle reste chez lui bosser super tard - elle a enfin le regard étoilé qu'il faut, il a enfin l'inspiration - et comme il pleut des seaux d'huîtres, il lui propose de rester dormir dans sa mignonne garçonnière ; c'est vlcsnap_1062389sûrement la première fois que quelqu'un propose à Barbara de dormir chez lui en la laissant toute seule dans son lit, et elle le prendrait presque comme un affront... Mais la nuit, à trois heures du mat, Ralph ouvre la porte de sa chambre, s'avance tout doucement vers elle (Capra filme ses pieds, on le voit bien) et là, et là, il lui met une couverture - rahh la quiche... Bon il a un peu deux mains gauches - vu sa peinture, je confirme - mais ce petit geste attentionné fait venir des larmes aux yeux de notre Barbara - elle en mord sa couverture, de jouissance presque. Le lendemain, elle joue à la petite femme de maison sous les yeux d'un Ralph toujours aveugle, et il en faudra encore des larmes et des larmes et des larmes (Préparez vos Mouchoirs, cette fois-ci) pour qu'il ose enfin la tenir dans ses bras non point pour la secouer, le rustre, mais pour l'embrasser - ils sont d'ailleurs assez sexy nos deux tourtereaux, on sent que ce saloupiot de code Hays n'est pas encore en vigueur. Ils s'étreignent à en mourir, font le projet de partir là, maintenant, en Arizona, là où les étoiles ressemblent à des étoiles. Mais le popa et surtout la moman veillent (elle va encore nous la faire pleurer, notre Barbara, dans son rôle le plus lacrymal de sa carrière). Ca sent le drame, ça sent le drame, mes amis... Oui, enfin c'est un film de Capra quand même.

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Alors oui, c'est un peu facile, l'histoire de la petite Cendrillon toute fragilette avec les yeux qui pétillent ; Ralph Graves, de son côté, se complaît un peu dans le rôle du bon mâle protecteur ("I'm the boss", mais ouais) et les deux meilleurs potes respectifs sont également un peu convenus (la petite grosse rigolote et le moustachu fêtard bourré du soir au matin) - j'ose à peine parler des parents (le père qui, sur sa chaise, tourne littéralement le dos à son fils quand celui-ci lui parle de mariage avec son modèle, la mère toute douçâtre quand il s'agit d'aller trouver Barbara et de lui expliquer que c'est "trop pas faire le bonheur de son fils, tu vois, petite"). Oui, bon, pas d'une originalité folle pour une film des années folles - j'adore ces robes de la taille d'un gant maintenues par deux bretelles qui pètent au moindre coup de vent - mais les mines d'une Barbara toute chagrine ou illuminée par le grand amour (ça existe po mais, elle, elle y croit : c'est beau) nous en donnent pour notre argent. Que le Capra est romantiquounet quand même.

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