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30 octobre 2010

L'Eventail de Lady Windermere (Lady Windermere's Fan) d'Ernst Lubitsch - 1925

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Envie de me payer une petite récréation : je me suis donc tourné tout naturellement vers un Lubitsch, ça semblait être le meilleur choix pour se changer les idées. Ma foi, ce choix s'est avéré moyen, puisque je suis tombé sur un film un peu mi-figue mi-raisin, soit comédie qui manque de tonus, soit tragédie qui manque d'ampleur. Lubitsch adapte un roman d'Oscar Wilde, mais prisonnier du muet, il ne peut en rendre la sève caustique, la langue précieuse : il reste donc concentré sur la trame, et le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne fait pas un grand film. Réduire Wilde à ses trames, ce serait comme réduire Bernard Werber à son style (n'importe quoi, je suis fatigué). On a donc droit à une production certes perfois malicieuse, certes assez ambitieuse, mais assez poussive dans son résultat.

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Nous voilà donc plongé au sein de la grande bourgeoisie, avec ce que ça comporte de faux semblants et de codes de comportements antiques et vains. Lady Windermere (cette actrice, May McAvoy ressemble comme deux gouttes d'eau à mon premier amour, ça m'a mis une gifle) est gironde et aimé de son mari, tout va bien... jusqu'au jour où débarque Miss Erlynne, femme-mante religieuse prête à tout pour grimper les échelons de la société londonnienne. Chantage, pression sociale, manipulation des sentiments, vont devenir les enjeux de ce drame bourgeois un peu platounet. Le scénario (et le livre de Wilde avait le même défaut) peine à nous passionner vraiment pour ces histoires d'amour et d'honneur sur fond de champagne et de bons mots. Au crédit de Lubitsch, notons quand même qu'il essaye par tous les moyens de réduire le nombre des intertitres, tentant de trouver des équivalents visuels à la morgue raffinée de Wilde : il y parvient parfois, grâce à un usage très fin du champ/contre-champ et de l'expressivité de ses acteurs. Les longues (trop longues) séquences dialoguées sont très joliment interprétées pour ne rendre utiles que quelques cartons, qui en deviennent d'autant plus forts. Mais rien n'y fait : on se désintéresse de ces enjeux assez dépassés, de ces poersonnages qui ne semblent rien subir et pleurer pour un rien. Le film vire à un mélodrame un peu froid, qui voudrait bien être grandiose alors qu'il reste dans le cadre d'un boulevard un peu ringard.

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Pourtant, Lubitsch tente des trucs, et en réussit beaucoup d'ailleurs. Le morceau de bravoure, c'est la grande séquence sur le champ de courses, où tous les regards convergent vers un seul être (Miss Erlynne) : formidable montage où chaque personnage semble en lien avec ce motif central, et où Lubitsch parvient avec une science bluffante à faire converger tous ses plans vers sa seule actrice, résumant ainsi toute la thématique wildienne des on-dit et des cancans de la Haute. Autre essai moins fructueux : un homme qui suit une femme, s'en rapproche, puis l'aborde, en un seul travelling resserré de plus en plus par le bord de l'écran lui-même. Jolie idée, mais qui finalement ne donne pas grand-chose par manque de maîtrise technique sûrement. De la part du grand Ernst, un film un peu terne, malgré les envies.

La version de Preminger est

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