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29 octobre 2010

LIVRE : Belle de Jour de Joseph Kessel - 1928

Belle_de_jourAmour platonique versus désirs physiques, amour sage et bourgeois si lisse en façade versus plaisirs interdits si polissons en cachette. On se dit que le gars Kessel de l'Académie française semble s'être attaqué à un sujet plutôt épineux en 1928, et notre homme, en préface, comme de vouloir s'excuser d'avoir pu choquer. Le livre ferait sûrement marrer Miller bien doucement d'autant que Kessel, au delà d'un prologue un poil scabreux (une Séverine sexuellement abusée dans son enfance par un plombier non polonais), ne va jamais chercher à décrire par le menu les égarements physiques de la Belle. Si celle-ci est dévouée âme et âme à son docteur de mari, au niveau du corps, c'est loin d'être l'extase. Après moult hésitations, elle va finir par franchir le pas et offrir son corps dans cette très correcte maison de passe. Une première tentative, après laquelle elle a bien dû mal à cacher sa honte, mais un petit goût de reviens-y dont elle ne peut radicalement se défaire : "Pareille à tous ses frères, à toutes ses soeurs en désirs interdits, ce ne fut point la satisfaction de ce désir qui la tenta, mais les prémices dont cette satisfaction s'entoure". Kessel, malheureusement n'approfondit point ce sentiment puisqu'il va surtout par la suite nous montrer à quel point notre Belle de Jour tire sa jouissance en particulier des hommes qui la dominent. Si elle ne parvient point à s'en passer ("Dès lors commença la véritable intoxication de Séverine, où l'habitude tenait plus de place que le plaisir"), l'écrivain nous montre à quel point cette dernière est rongée non point par la mauvaise conscience de ses actes illicites - et libérateurs - mais par celle du mal qu'elle ferait à son gentillet mari si ce dernier venait à découvrir son secret. Son "démon" physique  va peu à peu laisser la place à un véritable combat psychologique, Séverine se montrant plus obsédée par le fait de laisser son mari totalement en dehors de cette histoire que par la réelle satisfaction de ses désirs... Tout ça pour ça, serait-on presque tenté de dire, puisqu'au lieu de trouver par ce biais son émancipation, elle va finir par rester "attachée" à son époux, corps et âme cette fois-ci. Une "insoumise" qui trouvera la paix en quelque sorte dans sa soumission... Un peu bonnet de nuit, quoi.       

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