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Shangols
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22 octobre 2010

Le Passager (Mosafer - مسافر) d'Abbas Kiarostami - 1974

Sans_titre8Si Truffaut était né en Iran, nul doute qu'il pourrait être l'auteur de ce Passager, qui a le même goût que le cinéaste des 400 coups pour la jeunesse brimée et brisée, et qui dresse en gros le même portrait de l'enfance : magique et innocente, drôle et débrouillarde, et en même temps assez sombre dans ses rapports avec les adultes, et totalement immorale quand il s'agit de satisfaire les désirs immédiats.

Ghassem est un garçon passionné par le foot, et inversement captivé par les études. Il se met en tête d'aller à Téhéran pour assister à un match de l'équipe nationale. Comment passer outre l'interdiction des parents ? Comment trouver les 30 tomans nécessaires au voyage ? Cpas023omment se débrouiller face à un monde peu décidé à assumer ce désir ? Kiarostami, sur cette trame naïve et épurée, suit pas à pas les inventions de son héros, entre débrouillardise et petits larcins, jusqu'au fameux match. Il en profite pour tenter toutes sortes de styles : mélodrame poignant proche d'un De Sica quand le gamin essuie un échec, comédie enlevée quand il montre ses mini-escroqueries à l'appareil photo, critique sociale bouleversante quand il s'attarde sur un prof torturant physiquement un gosse, documentaire quand il laisse sa caméra filmer la vie telle qu'elle est (sportis qui s'entraînent dans un stade, enfants qui jouent au foot). Il réussit haut la main tous les genres, bien entendu, livrant un grand moment d'émotion pure.

lepassagerOn est vite pris dans une totale empathie pour ce gosse, d'autant que rien ne lui est épargné des tourments de l'existence. D'accord, il a tort de piquer dans la bourse de maman ; d'accord, il entube des petits en les prenant en photo avec un appareil cassé ; d'accord, il ne devrait pas vendre les filets de foot dont il est responsable. Mais la vie lui donne tellement de coups, par l'intermédiaire des profs, des parents démissionnaires, des flics, qu'on ne peut qu'applaudir à ses idées hors-la-loi. La fin du film, inattendue, vient confirmer ce qu'on sentait de sous-texte dans ce film : ce qui importe, ce n'est pas l'issue, c'est le combat. Fidèle à un néo-réalisme de la plus belle eau, constamment touchant dans sa dureté aussi bien que dans sa tendresse, Le Passager est un des plus beaux films sur l'enfance qui se puisse rêver. Ghessam, petit frère iranien d'Antoine Doisnel, est l'enfant-héros idéal, insolent et mutique, passionné et bûté. Grand film, déjà. (Gols - 27/01/10)


29fa6wiPas grand chose à ajouter au commentaire du comparse Gols (ça se sent tant que ça qu'aujourd'hui j'ai une flemme énorme ?) sur cet excellent petit film très linéaire (avec deux petites séquences de rêve sur la toute fin qui illustrent ce qui taraude notre mini héros) qui repose sur les épaules de ce gamin super expressif et magnifiquement dirigé. La tronche qu'il tire notamment, bouche ouverte, quand son camarade ne cesse de l'appeler du dehors (-pscchht, psccccht -QUOI ??? - Eh, eh, tu as de la chance...) le soir où il a prévu son escapade est d'un naturel absolu. Bien aimé également cette petite séquence de photos avec ces gamins auxquels il fait prendre la pause, une petite mise en scène... pour le plaisir et pour du beurre vu que l'appareil photo est en effet défectueux. Tous les moyens sont bons pour parvenir à réaliser cette échappée belle, une parenthèse dans la vie du gamin qui goute pour une fois au parfum de la liberté. On ose à peine imaginer son retour et la furieuse rouste qu'il va se prendre, préférant garder en tête l'image de ces quelques heures d'indépendance, de flânerie et de tranquillité, autant de petits moments volés à cette société qui ne faire guère montre d'empathie pour notre jeune trublion...  (Shang - 22/10/10)   

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