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6 octobre 2010

Parc d'Arnaud des Pallières - 2009

parcD'Arnaud des Pallières je ne connaissais jusqu'à présent que Disneyland mon vieux pays natal, ce qui veut dire que ce cinéaste était à peu près dans mes 15 préférés. Eh bien le voilà qui dégringole en bas de classement avec ce soûlant Parc, archétype de la crânerie absconce qui semble frapper les cinéastes français de temps en temps. Convaincu de son statut d'intello, Des Pallières met tous ses efforts à brouiller les pistes et à produire un film incompréhensible : pari gagné, on ne pige rien à ce film, ni au niveau du scénario ni à celui des choix de mise en scène.

On est dans un "parc", entendez un quartier résidentiel grand bourgeois, coupé du monde et de ses vicissitudes, peuplé de gens riches et bien éduqués. On fait connaissance avec deux familles : d'un côté les Clou, couple de papier glacé adepte de golf, fils rebelle qui plonge dans une dépression profonde ; de l'autre les Marteau (notez la subtile symbolique des noms), passé trouble de couple mal marié, femme à moitié folle, mari obsédé par la couleur jaune et la crucifixion, matrone déjantée. D'un côté, Sergi Lopez, assez extraordinaire je l'avoue, de parc_darnaud_pallieres_L_1l'autre Jean-Marc Barr, too much dans ses serrements de machoires et sa voix d'outre-tombe. Jusqu'ici on suit en gros, on apprécie même cette sophistication des cadres, cette lenteur de narration, cette précision dans l'atmosphère glaciale. Le film s'entoure d'un mystère qu'on sent profondément enfoui, et on attend avec confiance la résolution du bazar.

Malheureusement, par crainte d'être trop lisible sûrement, Des Pallières n'ira pas plus loin, préférant sacrifier sa trame à des poses arty qui viennent tout gâcher. Déjà, quand arrive un sorcier (Laszlo Szabo, pas revenu des Godard), puis quand on assiste à une soirée qui vire au règlement de comptes sexuel, on se doute qu'il va y avoir un souci. Mais quand le film s'enfonce progressivement dans un mysticisme à la con, dans une symbolique hébétée directement issue de lectures visiblement pointues, quand le scénario se délite vers le sur-signifiant (qui n'enlève rien à l'incompréhensibilité de la chose), on a franchement maarnaud_des_pallieres_parc2l. Jusqu'à ce qu'une scène d'immolation par le feu sur un autel d'église finisse par nous achever complètement par sa prétention et son absence de sens du ridicule. Les personnages, figés dans leur rôle allégorique (mais allégorie de quoi, putain ?), ne sont plus que des ombres, les acteurs semblant eux-mêmes totalement perdus dans cette errance d'écriture. Des Pallières tente de combler en multipliant les jolis plans de vitrine, mais ne parvient qu'à pondre un film bling-bling, clinquant et creux, qui tourne le dos au public pour mieux contempler son savoir-faire. Bien sûr que le gars a des idées de plans, bien sûr que son regard est original ; mais ça ne suffit pas à sauver cet essai expérimental du naufrage. Artificiel, stérile, dénué totalement d'humour ou de regard sur soi, luxueux mais vide, complexe pour éviter d'être compris, le film se mord la queue et n'intéresse plus que son auteur.

Commentaires
S
La scène finale de l'église est pourtant très réussie chez Cheever. Son roman est limpide et règle parfaitement leur compte à ces créatures de haut standing (même si ses nouvelles ont ma préférence). Des Pallières échoue là où un Haneke aurait peut-être réussi. Il se sera heureusement bien retrouvé ensuite.
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