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2 octobre 2010

Le Crépuscule de la Gloire (The Last Command) (1928) de Josef von Sternberg

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Pas facile de se retrouver pauvre petit figurant dans un film hollywoodien quand on a aupravant été un grand chef russe des armées. Un destin en dent de scie pour ne pas dire en montagne - russe - pour Emil Jannings qui incarne de façon très inspirée ce vaillant guerrier devenu un vieux tromblon avec la tremblote. Fi du discours politique, il s'agit surtout de la trajectoire d'un homme, imposant leader charismatique (un charme certain) et éclairé (il se battait avant tout pour son idée de la Russie, ne cherchant jamais à vouloir sacrifier des hommes pour faire plaisir au tsar) qui va se retrouver à son tour totalement malmené : à la fois par un réalisateur assez rancunier (dans un premier temps) et par l'industrie cinématographique hollywoodienne dans son ensemble (le portrait des figurants recrutés pour jouer les silhouettes faisant indéniablement penser à du bétail que l'on habille avant d'avoir la chance d'être sous les sunlights...). La chute d'un "grand homme" qui va avoir malgré tout l'occasion de retrouver, l'espace d'un instant, ses grandes heures de gloire - mais sous les sunlights des studios, il est facile de brûler ses dernières cartouches...

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Von Sternberg fait une nouvelle fois preuve de son génie de la mise en scène, une mise en scène toujours en mouvement, au cadre toujours foisonnant : le chemin de croix des figurants prenant, dans chaque département en charge des costumes, leur barda est aussi impressionnant que les scènes de reconstitution grouillant de pauvres et de militaires dans les rues enneigées de Russie. On a beau savoir que c'est du carton pâte, on est immédiatement happés par ces cartes postales qui s'animent magiquement sous nos yeux. Face à Emil Jannings, que l'on suit pendant unegrande partie du film lors d'un flash-back situé en 1917, à l'époque encore de sa gloire, il y a une jeune révolutionnaire, Evelyn Brent, beauté fatale aux cheveux corbeau qui lorsqu'elle "entre en action" paraît aussi enragée que l'actrice de Metropolis. On a du mal à savoir jusqu'à quel point elle joue double-jeu (elle devient la bonne amie d'Emil tout en gardant un flingue à portée de main) avant de se rendre compte que l'Emil possède une aura sûrement plus forte que ce que l'on pensait. La beauté fatale va se révéler en effet moins vengeresse que prévu et sauvera ce militaire avant de... filer elle-même à sa perte - toutes les séquences avec les miniatures de trains et les petits ponts et tout et tout étant également absolument fabuleuses. On retrouvera finalement sur le plateau, lors du dernier tiers du film,  notre Emil qui a du plomb dans l'aile mais qui n'a pas perdu au fond de lui la fougue qui l'animait naguère - il reprend son rôle d'antan sans même s'en rendre compte pour une ultime charge héroïque... Une mort sur le champ d'honneur du cinéma pleine de panache dans un film qui n'en manque point, et c'est en effet le mot de la fin.      

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