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30 septembre 2010

Nuit d'été en Ville de Michel Deville - 1990

vlcsnap_2010_09_30_21h09m59s69Ah oui, le temps s'en va, le temps s'en va, madame, comme dit le poète. Ce film, que j'avais trouvé bouleversant à l'époque, est devenu aujourd'hui une sorte de navet littéraire du plus clinquant effet. Bien l'impression que c'est le cinéma de Deville dans son ensemble qui est victime du poids des ans, mais quand même : Nuit d'été en Ville atteint des sommets.

Soit donc un couple glamour (Jean-Hugues Anglade, tout craquant même en survêtement moule-burnes et Marie Trintignant, jolie frimousse), qui passe sa première nuit ensemble. Ca s'embrasse sensuellement, ça se carresse, ça prend son bain ensemble, mais surtout ça papote comme des pies sur le désir, la jalousie, le sexe, le sentiment amoureux, etc. Avec, pour challenge, de rester uniquement dans cet appartement, uniquement avec ces deux acteurs, et de ne pas charger le scénario d'une quelconque trame. On ne saura pas grand-chose de ces deux-là, quelques détails futiles seulement. Ce qui compte pour Deville, c'est le moment vlcsnap_2010_09_30_21h59m02s57présent, la fragilité des débuts d'un amour, les petits jeux sentimentaux qui se mettent déjà en place dès les premières heures. Soit. Pourquoi pas ? Le sujet est touchant, mais éminemment casse-gueule. Et Deville tombe dans tous les pièges : hyper-écrit, le scénario ne cesse d'entrer en lutte contre les acteurs, qui ont beaucoup de mal à faire passer ces phrases sans naturel, ces bons mots à deux balles, ces formules surrannées qu'on croirait sorties d'un de ces romans précieux du XVIIIème. Il se donne pourtant bien du mal, notre Jean-Hugues, pour arriver à donner du charme à ces élucubrations de littérature sentimentale ; son effort est visible, tout comme sa bonne volonté, et c'en est presque touchant de voir un bon acteur bosser comme un damné pour arriver à faire passer ces dialogues faux. Il s'en sort bien mieux que Trintignant, franchement mauvaise (mais on ne lui en veut pas, vu ce qu'elle a à jouer), et qui, pour sa part abandonne bien vite tout effort pour se contenter de prendre des poses agaçantes de mannequin.

vlcsnap_2010_09_30_20h52m39s157Le film a 20 ans, on dirait qu'il en a 200, tant tout ça semble sorti d'un Lagarde et Michard en plus libertin. Que ce soit l'écriture, donc, ou la mise en scène, tout est poussiéreux, ringard, ridicule. La lumière flamande qui tombe sur ces décors bourgeois est trop volontaire ; les inserts de gros plans sur les corps au milieu des scènes à deux manquent de sincérité et ne sont là que pour la galerie (sensualité, ça ? au secours !) ; les plans très longs ne servent qu'à montrer la limite des acteurs. On dirait du théâtre de papa, un peu grivois, un peu canaille, mais complètement dépassé. Le cinéma de Deville est devenu à peu près insupportable aujourd'hui, par son sens antique de la formule et de la "bêêêêêlle mise en scène". Nuit d'été en Ville est un objet de musée qui témoignera de ce que fut le cinéma français à une certaine époque...

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