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26 septembre 2010

LIVRE : La Solitude du Coureur de Fond (et autres nouvelles) (The Loneliness of the long-distance runner) d'Alan Sillitoe - 1960

3597_0C'est pas toujours d'une gaieté folle, mais les nouvelles qui composent ce recueil sont toujours assez prenantes et finalement relativement homogènes malgré la diversité de tons : il est souvent question d'un personnage central plein de bonne volonté, souvent marginal et esseulé, qui, d'une manière ou d'une autre, va connaître une terrible déception ; des personnages souvent peu glorieux mais qui finissent par toucher par le côté terriblement pathétique de leur... humanité. L'oncle Ernest met en scène un homme abandonné de tous ("Tout ce qu'il pouvait voir de son passé, c'était une brume grisâtre, et dans son avenir, la même brumasse mystérieuse qui ne dissimulait que le néant", gloups) qui va se prendre d'affection pour deux bambinettes sans le sou ; la société se chargera rapidement de le juger et de mettre au ban cet individu "louche" (ah, belle société...) en recherche d'un soupçon d'affection ; dans Le Maître d'Ecole, un prof épris d'une vendeuse qu'il observait depuis sa classe, passera sa frustration (la pauvre a été assassinée par son "chevalier servant") sur ses élèves ; La Gravure du Bateau de Pêche est le terrible récit d'un amour avorté qui n'a jamais pu se remettre à flot ("Eh oui, je pleure, mais ni l'un ni l'autre n'avons rien fait pour y porter remède, et c'est bien ça le malheur"); il est également question de frustration et d'amour impossible dans la nouvelle Le Match où un couple se déchire rageusement. Dans les deux nouvelles suivantes (L'Arche de Noé et Grandeur et Décadence de Frankie Buller), on suit les déconvenues d'un gamin se faisant éjecter d'un manège (po facile de se faire accepter dans cette société quand on est sans le sou, of course) et la trajectoire d'un "cador" - un jeune adulte qui se pose en leader d'un gang de gamins - dont la respectabilité auprès de ce gang va se dégonfler, au fil des ans, comme un ballon de baudruche. Le Déshonneur de Jim Scarfedale n'est guère plus olé-olé avec ce pauvre Jim qui, après un mariage foiré, va finir en exhibitionniste auprès des fillettes. Un samedi après-midi est tout aussi gai puisqu'il est question d'un type qui tente désespérément de se suicider (première fois, nan, deuxième, mieux...), et on clôt l'ensemble avec la nouvelle-titre : l'histoire d'un jeune délinquant - l'auteur a la main lourde au niveau de l'argot, ce que tente de rendre en ramant souvent le traducteur - qui par principe va tenter de remporter une petite victoire, non point sportive mais plutôt morale. Sillitoe se concentre, on l'aura compris, sur des gens de peu qui tentent le plus souvent, tant bien que mal, de rester debouts malgré leur lot de désillusions. Des récits âpres où l'humour mordant n'est jamais totalement absent et des personnages dont le destin finit bien souvent dans un cul-de-sac. Rien ne sert de courir quand cette vie initiée dans une certaine misère (sociale, affective, ...) semble déjà toute tracée...         

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